«… Le nouveau traité est censé régler tous les problèmes de la zone euro. Pourtant la Grèce, et peut-être le Portugal sont au bord de la faillite.
Les crises financières se succèdent. 1997 : crise asiatique. 2000 : bulle internet. 2007 : crise des subprimes. 2008 : crise bancaire. 2009 : crise de l’euro.
A chaque crise, son responsable. En 1997 : les politiques de change. En 2001 : les analystes financiers, leur comportement moutonnier et leurs modes de rémunération. En 2007 : les agences de notation qui ont favorisé les financements structurés pour accroître leurs revenus. En 2008 : les bonus qui incitent à prendre des risques. En 2009 : la gouvernance européenne et encore les agences de notation.
Pourtant, la première cause des crises est toujours la même : une insuffisance ou un excès de monnaie, c’est-à-dire une erreur de politique monétaire des Banques Centrales.
Les crises que nous connaissons depuis 2000 sont toujours des bulles, c’est-à-dire des phases où la demande pour certains actifs augmente artificiellement, avant de s’écrouler.
Pendant quinze ans, la Réserve Fédérale Américaine (FED) et la Banque Centrale Européenne (BCE) ont laissé croître la masse monétaire du dollar et de l’euro à 10% par an en moyenne.
La FED et la BCE portent donc une responsabilité colossale, mais on ne leur a jamais demandé de comptes…..
Le nouveau traité européen passe encore à côté de ce sujet. Au mieux, il va soigner le symptôme : la dette publique.
La politique monétaire est mise à l’abri de toute remise en cause, parce que le seul objectif de la BCE est la lutte contre l’inflation. Il y a 25 ans, Larry SUMMERS a cru montrer que des Banques Centrales Indépendantes contenaient mieux l’inflation, la BCE est indépendante et en dehors de tous contrôles démocratiques…….
Avant tout, il faut retrouver un peu de sérénité dans la zone euro et écarter le risque de défaut. A ce point de la crise, il n’y a pas d’autre solution que de venir en aide aux Etats qui s’engagent sur « une règle d’or ». Et seule, la BCE en a encore les moyens financiers.
Reste à définir cette « règle d’or ». La dette permet de financer des projets, dès lors qu’ils rapportent plus que la charge d’intérêt. Il n’est donc pas question d’interdire la dette publique mais de la réserver aux investissements, et lorsque la croissance est supérieure au taux d’intérêt. Un Etat qui refuserait cette règle se placerait de fait hors de la zone euro.
Une fois la zone euro mise en sécurité, on pourrait débattre de la politique monétaire.
Trop de monnaie favorise l’inflation des prix des biens, des services et des actifs financiers et immobiliers, l’apurement des dettes et l’épargne de précaution et la conversion dans une autre monnaie pour investir ailleurs. A l’inverse, pas assez de monnaie, les investissements rentables ne se réalisent pas, les banques manquent de liquidité, voir de fonds propres.
Débattre des objectifs de la BCE : objectifs sur la masse monétaire, sur l’inflation des actifs, sur le niveau d’épargne et de dette privée ainsi que leur utilisation, sur le soutien aux banques qui doit être la contrepartie du financement de l’économie européenne.
Débattre du rôle et de la gouvernance de la BCE, de l’articulation entre politique prudentielle et monétaire, de la transparence et du contrôle démocratique. …. »
Si ce responsable existe, il doit faire vite !
Le blog : Depuis l’été 2012, le nouveau directeur de la BCE semble édicter pour elle une nouvelle conduite…….Laissons lui le temps du réalisme.
Janvier-février 2012