«… La nouvelle publication de l’INSEE demande que les groupes soient consolidés comme une seule et même entreprise au titre de la CVAE et de sa « territorialisation ». La nouvelle nomenclature prise en compte par l’INSEE est beaucoup plus fidèle aux réalités économiques contemporaines. Elle permet de réévaluer le poids réel des grands groupes dans l’emploi et la valeur ajoutée, de mieux déterminer le degré réel d’autonomie de décision des entreprises et le fonctionnement des « chaines de valeur ».
Alors que l’économie française se particularise par un phénomène très élevé de « filialisation » de son tissu d’entreprises, il était important de bien le mesurer. Plusieurs phénomènes se sont en effet combinés, depuis une quinzaine d’années : un mouvement important de croissance externe des grandes entreprises par rachat de PME indépendantes, des décompositions de grandes entreprises en une multitude d’entités juridiquement distinctes mais financièrement contrôlées, des constitutions de groupes « horizontaux » de PME pour renforcer leurs fonds propres et mutualiser des moyens (veille, achat, export…).
Le débat en France sur le faible nombre d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) doit prendre en compte, le fait que nombre d’entreprises moyennes à fort potentiel de croissance ont souvent été rachetées par des grands groupes.
L’INSEE montre dans son étude que dans le secteur marchand 200 entreprises, hors secteurs agricoles et financiers, emploient à elles seules 30% des salariés français, réalisent un tiers de la valeur ajoutée marchande, 62% de la dépense intérieure de recherche et développement, 62% des immobilisations. Ceci conduit à doubler, voire tripler les volumes que proposerait une analyse à partir des seules « unités légales »
Si la France comptabilise 2.65 millions d’entreprises constituées d’une seule unité légale, 44 000 comprennent plusieurs unités légales (36 000 sont des groupes français et 8 000 sous contrôle de groupes étrangers). Peu nombreuses, ces entreprises-groupes représentent seulement 6% des unités légales et 2% des entreprises mais 64% des salariés et 70% de la valeur ajoutée. Deux tiers du secteur marchand français sont de fait portés et commandés par, un nombre très restreint d’entreprises.
L’autre utilité de l’étude de l’INSEE et de la nouvelle nomenclature est de mieux faire apparaitre les poids relatifs des différents secteurs dans l’emploi et la valeur ajoutée. Les systèmes productifs se sont en effet fortement hybridés ces dernières décennies. De grandes entreprises industrielles ont externalisé des fonctions supports ou logistiques vers des sous-traitants voire des filiales. Certains groupes combinent sous une même marque activités de services et produits manufacturés. De ce fait, il est difficile de classer les entreprises et les groupes dans des secteurs précis. L’INSEE propose, néanmoins un premier profilage en vertu d’une activité principale qui constitue « le cœur du métier » ou « moteur » d’un groupe ou d’une entreprise. En vertu de cette méthode, l’industrie voit son poids réévalué de + 8% et 4 points de plus dans son pourcentage da valeur ajoutés marchande : les marges les plus importantes étant le fait souvent des filiales tertiaires avec des fonctions très qualifiées (activités de siège, recherche, financement…).
L’INSEE se penche aussi sur les exportations françaises pour confirmer l’extrême concentration des acteurs français tournés vers l’international. 186 grandes entreprises assurent 49% du chiffre d’affaire à l’export et 3 330 ETI en réalisent 33%. Du côté des PME, 43 000 exportent pour 13% du chiffre d’affaire. L’industrie, élargie au sens de l’étude, assure 64% des exportations en valeur.
L’économie française reste marquée par son héritage colbertiste et le commandement des grands donneurs d’ordres ou des groupes. Beaucoup de PME s’intègrent en réalité dans les chaines de valeur tournée vers l’international mais sans accéder directement aux marchés internationaux…..»
In ADCF (Assemblée des communautés de France)
Le blog : Quelques chiffres intéressants et importants, peu connus de tous et qui ont le mérite de la clarté.
