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LA BAISSE DE LA COMPETITIVITE FRANCAISE N’EST PAS IRREMEDIABLE… Le constat et les idées de Maurice LEVY

«… De 1998 à 2008, la France a subi une perte relative de ses exportations de plus de 100 milliards d’euros, soit plus de 5% du PIB, privant ainsi l’Etat et la Sécurité Sociale de près de 40 milliards d’euros de recettes additionnelles.
La part des exportations françaises de marchandises dans le total européen est passée de 16.8% à 13.2%. Plus grave encore, l’industrie a perdu plus d’un million d’emplois entre 1990 et 2008. Ces chiffres, par leur brutalité, se passent de commentaires.
Pourquoi un tel recul ? : Nous payons au prix fort un déficit croissant de compétitivité tant au niveau mondial que dans notre marché « intérieur », l’Europe.
Nous souffrons de deux handicaps majeurs : le premier est le coût du travail, devenu pénalisant, et le second est les difficultés de financement qui freinent la recherche et les investissements.
Paradoxe français : nous avons une excellente productivité et d’une main d’œuvre très qualifiée et, nous perdons cependant du terrain.
Le coût horaire de la main d’œuvre est d’environ 32 euros en France contre 28 euros en Allemagne et une moyenne de 26 euros en Europe. Les cotisations sociales pèsent 32% en France, 27% en Allemagne et 26% en moyenne européenne. Les salaires nets français sont inférieurs aux salaires nets allemands !
Un coût horaire plus élevé, des charges sociales lourdes sur la masse salariale : l’effet ciseau est redoutable
Alors que faire ?
Des efforts de redressement ont été engagés et même intensifiés depuis 2007, comme l’allègement des charges sur les bas salaires ou la réforme de la taxe professionnelle. Idem pour le crédit impôt recherche, qui encourage la création de centres de recherche. Ces efforts sont-ils suffisants pour redonner à notre pays les moyens de sa compétitivité. Ne doit-on pas aller plus loin et se poser la question du réalignement du coût du travail sur celui de notre principal partenaire et concurrent, l’Allemagne ?
Quelques pistes de réflexions :
• S’il n’est pas illogique de demander aux entreprises de financer les formes de protection sociale directement liées au travail (retraite, accident du travail maladie professionnelle), il n’est pas normal de leur imposer de financer la famille ou la maladie de la même manière. En 2009, le travail a supporté une contribution patronale de 5.4% au titre de la famille, soit environ 33 milliards d’euros. Sur la même période, l’écart de cotisations entre la France et l’Allemagne a été de 5 points au détriment de notre pays.
• Envisager une « TVA emploi » comme nos amis allemands qui aurait l’avantage de porter également sur les importations en allégeant les charges qui pèsent sur le coût du travail.
• Pérenniser le principe de progressivité de la hausse du niveau de charges en fonction du niveau du salaire, par le biais d’un barème.
• Réviser le principe de non-plafonnement des charges sociales afin d’attirer dans notre pays des équipes de haut niveau technologique et les centres de décision qui facilitent ensuite l’installation des centres de recherche et la réalisation d’investissements productifs. L’innovation est le meilleur moyen de tenir la barre haute aux pays à bas coûts de production. Le déficit compétitif de la France résulte aussi de la faiblesse des marges de nos entreprises, souvent liée aux coûts de financement. Pas de marges, pas de capacité d’investissement, pas d’innovation, et plus grave encore, la fuite de nos meilleurs cerveaux : le cercle vicieux par excellence.

Faute de marge de manœuvre, les entreprise françaises, surtout petites et moyennes, sont nettement moins compétitives fac au dynamisme des marchés allemands ou des pays émergents.
Nous devons aussi nous inquiéter de voir l’économie numérique dominée par les géants comme Microsoft, Apple, Google, etc… tous nés Outre-Atlantique. Il existe une incapacité européenne à faire croître des entreprises sur des secteurs nouveaux, innovants et donc risqués. Pourquoi ne pas financer l’innovation dans un cadre communautaire, par exemple en prélevant une partie du produit des enchères CO² ?
La crise des années 2008 2009 a accru les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Pouvoirs publics, investisseurs institutionnels, épargnants, tous ont vu leurs efforts bien mal récompensés en France et en Europe.
Nous devons poursuivre et intensifier nos efforts, réduire fortement le poids des charges sociales, encourager la recherche, les innovations et la prise de risque économique. C’est ainsi que l’on regagnera nos parts de marchés et recréerons des emplois solvables et compétitifs. Y sommes-nous prêts, en sachant que l’effort doit être fait aujourd’hui que les effets se feront sentir plus tard seulement ?…. »

By Maurice LEVY in « Le Figaro » du 31 Août 2010 (Président de l’Association Française des Entreprises Privées AFEP)

Le blog : Que dire de plus? Simplicité de diagnostic, réalisme….réflexion vertueuse…
A quand les applications?

NB : Depuis, le rapport GALLOIS a été publié (novembre 2012) : il reprend également pour l’essentiel peut-être pas toutes les idées, mais le fond y est.
Il nous reste à espérer.

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