Jean-Pierre Le Goff, son jugement de la société française actuelle :
« De nombreuses questions ont été posées à Jean-Pierre Le Goff au sujet de l’état de la société aujourd’hui.
Et plus précisément sur certains mots en France qui semblent tabous tels que « islam, immigration ou encore homosexualité. » Ainsi, une forme de terrorisme intellectuel s’implante.
Le sociologue constate que l’air du temps est marqué par plusieurs caractéristiques telles que l’émotion et les bons sentiments, la dénonciation moraliste et la posture victimaire. Voilà les raisons du succès du livre « Indignez-vous » de Stéphane Hessel ou du film « Intouchables ». Il jouit de relais amplificateurs. D’abord, le fonctionnement de la « grande machinerie audiovisuelle » qui joue sur les images et les mots chocs. Puis, l’existence d’un certains nombres d’associations dont le seul objectif est de surveiller la parole d’autrui et de porter plainte en se constituant partie civile. Et pour finir, l’apparition des nouvelles technologies de la communication : Internet, réseaux sociaux, Twitter. Ces derniers, selon J.-P. Le Goff, favorisent les « nouveaux sans-culottes » incitant chacun à réagir, même anonymement, à dénoncer et à « lyncher des boucs émissaires ». Il explique, alors, que cet « appel à la subjectivité produit des effets délétères et renforce la méfiance au sein des rapports sociaux. » Il appelle les hommes politiques à ne pas jouer avec ce nouvel air du temps qui « ne peut manquer de se retourner contre eux et risque de rendre le pays ingouvernable. »
De ce fait, comment éviter un tel risque.
Faire attention au déni d’un certain nombre de problèmes pouvant revenir « sous forme d’extrémisme, de chauvinisme ou de xénophobie. » De nos jours, « le type d’engagement à la Jean-Paul Sartre » ne peut plus exister. La période historique invite, alors, l’intellectuel à participer à « l’intelligibilité du monde contemporain » et à la reconstruction de « l’ethos démocratique au sens des valeurs, des normes, des comportements qui imprègnent la société. » Traiter dans l’espace public de grands débats comme l’immigration, la procréation in vitro, l’euthanasie ou encore l’homoparentalité sans se lancer des invectives. »