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Oser des voies nouvelles pour la France en crise

« Puérilisation de la société », faux débats et vraies questions

« Tout paraît fermé », constate Robert Redecker (Egobody chez Fayard), parlant de l’incapacité apparente de notre époque sans âme à penser l’avenir. De fait, la « puérilisation » de la société, fascinée par le corps, le sport et la santé, la rend vulnérable face à la réalité des faillites, depuis longtemps annoncées ici, de l’Etat-providence et de sa République multiculturelle. Le silence des élites… est même devenu consternant. La France et l’Europe sont entraînées dans des mutations économiques et culturelles qui devaient mobiliser toutes les intelligences. Or, elles ont abandonné le terrain. La défense de la civilisation n’est pas un sujet. Certes, les cerveaux bouillonnent pour trouver un sens au film de Jean-Luc Godard, présenté lundi à Cannes ou pour décrypter le message des « apéros géants », qui voient des milliers de jeunes s’enivrer dans un même lieu grâce à Facebook. Mais ces évènements sont vides. … Le débat qui bégaie sur les retraites est le produit de cette intelligentsia endormie, incapable d’émettre une idée neuve tandis que tout s’écroule… et en dépit des rapports qui démontrent que le système par répartition n’est plus viable, même en travaillant plus. Semblablement, rien n’est avancé face aux déficits de la Sécurité sociale. Ces additions de charges, ponctionnées sur la feuille de paie du salarié, lui ôtent jusqu’à 50 % de son salaire brut. Elles sont une des causes de la paupérisation des classes moyennes, que le PS, mentalement momifié, prétend défendre en augmentant encore les cotisations. Or ce salaire confisqué pourrait être restitué en partie à l’intéressé », si la gauche et la droite acceptaient d’explorer d’autres solutions associant, pour la retraite, capitalisation et répartition, comme cela se fait ailleurs. Une Sécurité sociale complétée par des assurances privées serait également possible. Ces voies, qui pourraient ressembler à un social-libéralisme, effrayent sûrement davantage les gouvernants que les citoyens pragmatiques. Faudra-t-il en venir aux référendums d’initiative populaire pour bousculer l’oligarchie immobile ? Ses démissions, observables dans les non-réponses aux crises, font de l’opinion l’ultime garant du bon sens et de l’inventivité. … En tout cas, sa détermination à imposer l’interdiction totale de la burqa, (…) se veut clairement une réponse aux impatiences des Français qui disent vouloir rester maîtres chez eux. Ils rappellent au passage que leur souveraineté, sur laquelle de nouvelles minorités aimeraient s’essuyer les pieds, s’impose au pouvoir des juges, y compris ceux du Conseil d’Etat ou de la Cour européenne. Quitte à changer les lois ou la Constitution ;

S’arrêter un instant sur le Conseil d’Etat, qui a renouvelé ses réserves sur une loi antiburqa au nom du respect dû à une pratique religieuse. Il avait tenu un semblable raisonnement pour s’opposer, en vain, à l’interdiction du foulard islamique à l’école. Il est pourtant aisé de comprendre, pour qui veut, que la burqa est une marque ostensible de rejet de la société et un acte d’(allégeance à une idéologie totalitaire. Il y a donc, au cœur de la haute juridiction, un aveuglement juridique qui l’avait d’ailleurs déjà conduite à avaliser la polygamie (arrêt Mondcho, 1980) avant qu’une loi de 1993 ne l’interdise. Mais le Conseil d’Etat ne voit-il pas qu’il est devenu le cheval de Troie du multiculturalisme, cet autre échec annoncé qui accumule les conflits identitaires ? Le député UMP, Eric Raoult, réclame une mission d’information sur l’islamophobie, tandis que le président PS de Provence-Alpes-Côte d’Azur, Michel Vauzelle, se dit « fier d’être le président d’une grande région musulmane » : deux illustrations du renoncement de certains élus à faire respecter la liberté d’expression et la laïcité, socle de notre contrat social. De lui, il serait temps, aussi, de se préoccuper… »

By Yvan Rioufol in Le Figaro, 21 mai 2010

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