« Le problème est purement politique. Le fonctionnement du traité de Lisbonne est extrêmement compliqué, avec un Parlement, une Commission, une présidence tournante, un président permanent, une ministre des Affaires étrangères. Hermann Van Rompuy et sa ministre, Catherine Ashton, avant de les avoir éprouvés, il est possible aujourd’hui de constater qu’ils ne brillent pas par leurs actions ou par leur dynamisme. Où était l’Europe quand Haïti a été dévastée par un séisme ? Pourquoi une aide européenne unifiée n’a-t-elle pas été substituée aux aides nationales ? Pourquoi l’Europe est-elle incapable de voler au secours des Haïtiens, comme l’ont fait les Etats-Unis ? On a préféré se plaindre de la de la toute-puissance des Américains, de ce qu’ils se comportent en Haïti comme en pays conquis, on n’a certes pas tenté de les précéder. L’Europe les a autorisés à emplir le vide qu’elle a laissé. Où est José Manuel Barroso, le président de la Commission ? Que ne nous dit-il clairement comment le cas de la Grèce va être résolu ? Pourquoi n’y a-t-il pas un plan de l’Union pour colmater les brèches grecque, irlandaise, portugaise ? En d’autres termes, une prise en main de la crise par le président européen, avec un programme et des paroles fortes, aurait déjà permis de rassurer les fameuses agences de notation qui on doublé le taux de crédit auquel la Grèce doit désormais emprunter.
La responsabilité du mauvais fonctionnement du traité de Lisbonne revient, il faut le dire, à Nicolas Sarkozy et à Angela Merkel (et à Gordon Brown accessoirement), qui ont refusé de mettre une forte personnalité à la présidence permanente de l’Union et se sont contentés d’un dosage destiné à satisfaire les susceptibilités nationales. On peut penser ce qu’on veut de Tony Blaire, mais, à la présidence européenne, il aurait conçu un plan ultra-rapide pour Haïti. L’Europe est en train de payer sa prudence, son confort intellectuel, son refus de prendre des risques. C’est dommage. »
By Richard Liscia, in Le Quotidien du Médecin, 5 février 2010