« Nous vivions une époque de rupture avec la tradition générationnelle, celle qui donnait une importance majeure à l’âge mûr, celui du savoir, différencié d’une jeunesse active mais inexpérimentée. Aujourd’hui, dans beaucoup de métiers, les jeunes entrent en concurrence directe avec des hommes adultes. Cela provient de l’obsolescence rapide de technologies, du renouvellement constant des flux d’information. Les enfants semblent y être formés très tôt, sans même qu’il y ait besoin de transmission, alors que le troisième âge s’y adapte plus difficilement. La jeunesse devient ainsi une valeur rentable pour les employeurs : elle n’a pas besoin d’expérience, elle coûte moins cher. Pour exemple, passer au bloc opératoire pour une liposuccion du menton et de l’abdomen pour Anthony Mascol, 46 ans, fait parti de son « profilage professionnel ». Nous ne sommes plus ici dans l’embellissement, nous sommes dans l’adaptation spciale. Ce n’est pas un choix joyeux. Hier encore, une relative avancée du ventre était signe chez un homme de sérieux et de notabilité. Brillat-Savarin avouait en 1826 surveiller son ventre pour qu’il ne s’affaisse pas, tout en disant maintenir eu « majestueux. » »
by Frédéric Joignot,in Le Monde Magazine, 19 décembre 2009