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Le recul de la liberté, la crise et l’Histoire, la crise, échec du modèle occidental ?

« On a compris que la croissance mondiale exceptionnelle était droguée au crédit, déséquilibrée, et qu’elle devait finir dans la crise. Il y a 20 ans, Francis Fukuyama écrivait que la chute du mur et la mondialisation économique marquaient l’entrée définitive dans une ère de progrès des libertés et du bien-être, la « fin de l’histoire ». Il avait décidément tort.

En vérité, on redoute d’observer l’inverse aujourd’hui : le système occidental est en régression. Freedom House, organisation de défense des droits de l’homme de Washington, estime que la liberté a été en recul en 2008 pour la troisième année consécutive.

La conséquence la plus dramatique de la crise est de nourrir cette réaction et de la propager. La crise est présentée comme l’échec du modèle occidental dans son ensemble. Derrière les subprimes, les dictateurs dénoncent les droits de l’homme. Par effet de bascule, le modèle chinois, l’économie de marché dirigée par un parti unique, est de plus en plus admiré. Les gouvernements disent vouloir s’en inspirer en Russie et dans les anciens territoires soviétiques du Caucase, en Syrie, à Cuba, en Iran, en Afrique.

L’endroit où s’affirme le plus crânement le rejet des méthodes de l‘Occident est désormais la Chine elle-même. On l’a vu à Copenhague mais aussi dans l’affaire Google : l’empire du Milieu, devenu le moteur de l’économie postcrise, n’entend plus se plier aux pressions américaines et européennes, sur le yuan comme sur les droits civils et commerciaux. La Chine croit avoir acquis son autonomie technique et économique, elle refuse de plus en plus clairement le système multilatéral créé par d’autres.

Le basculement géopolitique qu’accélère la crise risque ainsi d’être accompagnée par le déclin de la démocratie. L’Amérique et l’Europe, le G7, devraient s’en alarmer. Les élections libres, les droits de l’homme, l’indépendance des syndicats et des juges en restent indispensables pour asseoir durablement le développement économique. Il serait temps que la démocratie combatte pour ses idées.

Wassyla Tamzali s’en prend à la tolérance qui s’installe par les intellectuels européens au discours culturaliste, qui ne fait que cacher un traitement sexiste des femmes. On cite cette auteure algérienne car elle parle d’Européens « désabusés ». »

By Éric Le Boucher, in Enjeux Les Échos, février 2010

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