« La Jordanie modérée, première étape du Pape cette semaine, fait figure d’exception, en autorisant la communauté catholique à construire sur son sol des églises et une université. Mais ils refusent aux « infidèles » les droits, et plus encore, accordés aux musulmans en Occident. Au mieux, les parias restent dhimmis. Le plus consternant demeure l’indifférence de l’Europe, confrontée à ce lent effacement des chrétiens, écartés par l’Etat hébreu lui-même de certains emplois ou formations supérieures (La Croix, 12 mai). L’apathie de l’Occident face à la christianophobie des fondamentalistes (qui s’exerce actuellement contre les Coptes d’Egypte, sous la pression des Frères musulmans) souligne un manque de solidarité. Il dit tout sur la vulnérabilité d’une civilisation.
L’exemple de la Jordanie conciliante montre qu’il reste atteignable. Cependant, l’antisémitisme qui montre, conjugué à la christianophobie sont des symptômes qui n’autorisent pas l’angélisme.
Le souci d’apaisement qui habite l’Occident pacifiste l’a conduit, jusqu’à présent, à donner beaucoup plus qu’il n’a reçu, au cours de « dialogues » de dupes. Aujourd’hui, le monde islamique a su convaincre l’Europe repentante de s’ouvrir au multiethnisme et au multiculturalisme, une solution que défend notamment l’habile Tariq Ramadan. Or un phénomène inverse de repliement identitaire et religieux s’opère parallèlement dans les pays musulmans.
L’offensive contre l’Occident perdure depuis le 11 septembre 2001. Voilà ce qu’écrit sous l’anonymat (Enyo) ce haut responsable du renseignement européen, déjà évoqué ici la semaine dernière : « Les Européennes se rendent compte peu à peu que l’idéal néofondamentaliste est la source du mal, mais n’ont pas réalisé que l’heure de la guerre est arrivée (…) Le néofondamentalisme n’est pas une aberration de l’islam. Il en est un moment historique (…) Aux Occidentaux d’apprendre à se battre pour leurs idées universelles (…). » Mais « l’Europe de poltrons », que dénonce Ayaan Hirsi Ali, en est-elle capable ? La Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, que les pays musulmans ont refusé dernièrement de cautionner à Genève (Durban II). »
Par Ivan Rioufol, in Le Figaro, mai 2009