« Il en va de la notion de précaution comme d’autres valeurs à la mode que la transparence : celle-ci se dégrade en idéologie à force d’être invoqué sans nuance est banalisée dans le temps. La précaution en elle-même est un comportement de prévention des risques qui va de soi. L’erreur, ou plutôt la faute est de l’ériger en principe, et de graver ce principe dans le marbre de la constitution. Radicalisée, universalisée, la précaution devient idéologie. Dès lors, elle subit la pression d’une demande sociale qui finit presque toujours par l’inscrire dans le droit. Une première dérive qui conduit à vouloir éliminer tous les aléas qui font le sel de la vie, en considérant comme certains des risques très improbable s voire imaginaires. Il est une autre dérive de la précaution érigée en principe : la propension du législateur à normaliser les conduites et à intervenir de plus en plus tôt un amont de la faute, en pénalisant toute prise de risque, de façon à protéger les individus contre eux-mêmes et à épargner le plus possible la société le coût des accidents et des conflits. Le code de la route, la lutte contre l’alcoolisme ou contre les discriminations sont des points d’application constante cette forme rampante du contrôle social. Au noble prétexte de la prévention, l’imagination réglementaire et punitive se déploie jusqu’à des seuils et dans des détails considérés naguère comme intenable. L’apparent est ici de substituer sans limite la responsabilité collective à la mise en jeu de la responsabilité individuelle, avec pour conséquence de transformer le citoyen en éternel créancier, voire en pleignant à l’égard de l’État dans les situations que ce dernier n’a pas prévues, et de sacrifier ainsi de façon croissante, au besoin de sécurité le goût de la liberté. La prévention qui aliène n’est pas la même que celle qui protège. La précaution qui oblige à prendre ses responsabilités n’est pas la même que celle qui empêche. Alain Gérard Slama in le Figaro – septembre 2009. Quelques remarques : le principe de précaution dans la constitution, tout un symbole de l’obsession des pouvoirs publics depuis l’affaire du sang contaminé. Une grande partie des français estiment maintenant, que le principe de précaution est plus destine à protéger les responsables que la population et que ce principe est inadapté et pourrait être mieux géré…. »