« Le sociologue observe un décalage entre le discours des élites intellectuelles et le monde actuel. Il enjoint aux politiques d’en prendre conscience. … Il est frappant, en effet, dans tout ce qu’on entend ou qu’on lit, comme analysent et observations journalistiques, politiques, universitaires, de voir la crispation des techniques sur quelques termes convenus : démocratie citoyenneté, république, raison, société civile et autre termes désignant l’ancien et dépassé contrat social.. Tout cela serait, somme toute anodin, simple jeu d’enfant, si les conséquences sociales n’étaient pas, est le réel est dramatique, pourquoi ? Tout simplement parce que l’on sait, d’antiques mémoires, qu’une société a besoin des mots justes disant ce qu’elle est. Mais lorsque cette société flaire le mensonge, l’inauthenticité, l’hypocrisie et surtout, l’inadéquation dans les mots employés, la sécession est là toute proche. Et dans vide laissé dès lors par le discours abstraits iront se nicher toutes les manifestations de révolte et de violence dont il a été question et dont on peut supposer qu’elles seront de plus en plus importante… Dans tous les domaines, l’émotionnel est à l’œuvre. Vouloir réduire le vivre – ensemble au simple rationalisme est inopérant. L’individu et l’individualisme ont fait leur temps. Les lois de l’imitation sont à l’ordre du jours. Nous vivons le « temps des tribus ».. Dans le cadre d’une mondialisation en cours, la conception d’une république une et indivisible, enfermé dans les limites étroites d’un État-nation n’est plus à l’ordre du jour. Plutôt que de jeter l’anathème sur un « communautarisme » diabolique, il vaut mieux répéter la construction de la mosaïque en cours et savoir accompagner l’ajustement, a posteriori, de ces communautés. Le travail n’est plus le seul idéal grâce auquel on peut mobiliser l’énergie individuelle et collective. Il faut élargir le problème, à savoir la création intégrant le jeu et le rêve. En bref, le qualitatif est un élément important de l’imaginaire du moment. Enfin que l’idéologie du « service public » sécurisant l’ensemble de l’existence, fondement d’un progressisme quelque peu daté, doit savoir passer la main à ces nouvelles formes de solidarité communautaire et à une sensibilité écologique redonnant force et vigueur à l’étroite liaison existant entre environnement social et environnement naturel. »
Dernier livre paru : « apocalypse » CNRS, édition 2009
