« Les années 2000-2008 coïncident avec le démantèlement d’un certain modèle social américain – rupture avec le contrat de travail fordiste et son équilibre entre employeurs et salariés – et la montée de la précarisation, l’accroissement des inégalités… Le système politique lui-même est confronté aux dérives du lobbyisme (scandale Abramoff) et à la part croissante de l’argent dans la participation à la vie politique. George W Bush aura même déçu de purs libéraux, comme ceux de Cato Institute, puisque son administration a multiplié les intrusions dans la vie privée de ses concitoyens. Les derniers mois de 2008 et la succession de scandales financiers aux Etats-Unis – en particulier le scandale Madoff – auront sapé la confiance des citoyens américains et des partenaires étrangers dans la qualité et la fiabilité de l’Administration américaine. Au terme de ces deux mandats ne subsiste qu’un « rêve américain ébréché », miné par les défaillances de l’Etat et celles du marché… »
« Mais le recul des idées conservatrices ne signifie pas pour autant le retour de la confiance en l’Etat, même si la crise financière et ses retombées devaient conduire à un rééquilibrage… Les défis qui attendent le nouveau président sont énormes : il lui faudra « recoller les morceaux » du rêve américain, c’est-à-dire « réinventer la classe moyenne », veiller à ce que son pays puisse encore faire la course en tête de l’innovation, relever les défis écologiques… En comparaison, l’Europe, qui avance lentement sur la stratégie de Lisbonne, fait pâle figure et le Japon, qui pouvait être un compétiteur redoutable pour les Etats-Unis, n’est pas parvenu à moderniser suffisamment vite son système éducatif pour développer la place réservée à la créativité… Toujours est-il que le gouvernement américain aura, plus que par le passé, besoin du soutien de ses partenaires – en particulier européens – pour sortir de son isolement extérieur, comme pour sortir de l’impasse économique. »
