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Un homme libre nommé BERNANOS 2ème partie

Retour sur une vie d’écrivain chaotique, marquée par la quête de Dieu et le combat spirituel (2/2)

« Malraux disait de Georges Bernanos qu’il était « le plus grand romancier de son temps ». Lorsqu’on a été aussi loin dans les abysses de la psychologie et de l’âme humaine, on demeure actuel, Cette actualité est comparable à celle de Shakespeare, ou des poèmes de Baudelaire dans leur permanence intemporelle.(…) »

« De plus, qu’il s’agisse de ses romans ou de ses écrits de combat, il a ressenti si profondément, dans son esprit et dans sa chair, les bouleversements de son époque – qui ont jeté les bases de la nôtre – que sa création littéraire et son témoignage s’inscrivent totalement dans notre présent, avec une acuité qui n’a pas fini de nous surprendre. Parmi d’innombrables exemples, citons ces mots : « Un jour, on plongera dans la ruine, du jour au lendemain, des familles entières, parce qu’à des milliers de kilomètres pourra être produite la même chose pour deux centimes de moins à la tonne ». Voilà bien une préfiguration saisissante des conséquences quotidiennes de la délocalisation… Par ailleurs, il a aussi déclaré : « Qu’importe que mon œuvre survive, pourvu qu’elle revive ». C’est ce désir et cette capacité à « revivre » au cœur des nouvelles générations d’aujourd’hui et de demain qui font probablement, ainsi qu’on a pu le dire, le caractère « non actuel mais éternel » de Bernanos. »

Par Yves Bernanos, petit-fils de Georges Bernanos, réalisateur.

« J’ai médité sur la mort chaque heure de ma vie, et cela ne me sert de rien ». Cet aveu de la prieure du couvent de Compiègne est à mes yeux bien plus qu’une réplique de théâtre. Son cri de désarroi, celui du Jeudi saint, est le nôtre. Il résonne en tout homme qui vit, qui aime, qui croit mais qui ne sait ni le jour ni l’heure. Grâce à l’anecdote des carmélites guillotinées à Paris en 1794, rapportée par Gertrud von Le Fort et dont il accepte d’écrire l’histoire pour la scène, Georges Bernanos atteint à l’essentiel. Lui-même malade, il rédige ces « Dialogues » en endurant dans sa chair les souffrances des religieuses, en les rejoignant – qui sait ? – dans leur doute, leur peur. La conjonction entre le destin de ces femmes de Dieu, la maladie d’un écrivain mort il y a soixante ans et l’inquiétude du lecteur d’aujourd’hui, est proprement miraculeuse. « Les Dialogues des carmélites » sont une pièce de théâtre, la représentation d’un évènement authentique. Il y a naturellement de la littérature dans ce texte mais bien davantage. « Les Dialogues des carmélites » sont un livre de méditation et, pour les agonisants, un viatique. On y découvre d’admirables démonstrations des intuitions spirituelles que nous enseigne l’Eglise : communion des saints, réversibilité des mérites, et encore ceci : « Chaque prière, fût-elle celle du petit pâtre qui garde ses bêtes, c’est la prière du genre humain ».

Par Etienne de Montety, écrivain, directeur du Figaro littéraire.

In Famille Chrétienne N° 1589 du 28 juin au 4 juillet 2008

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