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L’extrême gauche, inspiratrice et moteur de la gauche ?

« Le parti socialiste de Mitterrand, toujours officiellement marxiste, promoteur de l’union de la gauche, partenaires et vainqueurs des communistes, conquérant, a absorbé et utiliser les ingrédients les plus disparates, de la gauche chrétienne ou trotskiste de Cambadélis. Quant au parti de Martine Aubry, institutionnalisée, fonctionnarisée, déboussolée, ne sachant comment se rallier au libéralisme sans le dire ouvertement (sauf Delanoë qui n’a pas fini de payer son erreur), reposant essentiellement sur des notables locaux et régionaux soucieux de conserver leur confortable fief en se méfiant de l’idéologie comme d’une peste, un tel parti produit un effet répulsif sur les hommes et les femmes de gauche les plus convaincus, les plus engagés et les plus déterminés.. Or ces gens-là, qui sont des graines de militants, existe à gauche. Ne trouvant plus dans leur structure en place un écritoire à leurs besoins d’activité, ils sont allés voir ailleurs à la gauche de la gauche. La défaillance du PS a créé un appel d’air au profit de l’extrême gauche.. »

« Cette réalité apparaît aujourd’hui en pleine lumière, mais elle n’est pas menée par génération spontanée. Elle a été assez longtemps sous-jacente, et elle a connu un premier révélateur avec l’élection présidentielle de 2002. La vraie nouveauté de ce scrutin, c’est que les candidats de la gauche non socialiste ont rassemblé plus de 15 % des votants, alors que précédemment il plafonnait à trois ou 4 %. Les groupuscules, jusqu’alors électoralement négligeable et quelque peu dédaigné, ont provoqué, semble vouloir vraiment la chute de l’éléphant Jospin et la fin du règne absolu du PS à gauche.. Pour que cette nouvelle configuration prit véritablement forme et fut clairement perceptible par l’opinion publique, il fallait un catalyseur. C’est le rôle joué par Besancenot. Il donnait l’impression qu’une gauche nouvelle, moderne, était née. La position élevée de Besancenot dans les sondages montre à quel point la jobardise est répandue dans notre pays, même à droite, puisqu’on ne semble guère s’être avisé que, sous des apparences futiles, les idées et les programmes sont restés tout aussi extrêmes. Elle est aujourd’hui, l’extrême gauche n’a pas seulement progressé numériquement, elle fait parti intégrante de la gauche elle en est devenue dans une large mesure le moteur, sur le terrain et même pour les idées. Les manifestations de ces nouveaux rapports sont prévisibles pour peu qu’on ouvre les yeux. Benoît amont à l’intérieur du PS, où il représente la gauche, il y occupe une position forte, sa motion recueille près de 20 % des voix. Cambadélis avec ses amis trotskistes, c’était intégré au PS il y a 30 ans pour jouer le rôle d’organisateur, de stratège et de faiseur de rois, alors que Benoît Hamon s’efforce d’en être l’idéologue et de peser sur ses idées et son programme. À l’autre bout de la chaîne, le NPA, précise ainsi son objectif : dépasser la LCR et prendre le meilleur des traditions du mouvement ouvrier, qu’elle soit trotskiste, socialistes, communistes, libertaire ou guevariste. Belle profession d’œcuménisme. Entre les deux Mélenchon qui viennent de quitter le PS, essaie de servir de trait d’union entre les différentes tendances de la gauche extrême ou non. Le thème était instrumentalisé par Mitterrand et ses émules étaient diabolisés, de façon à les rendre un fait infréquentable est allée couper totalement de la droite de gouvernement. Besancenot, au contraire bien loin d’être diabolisé, est à la fois courtisé et redouté par toute la gauche, électoralement plus rassemblé que jamais. Extrême gauche est donc non seulement bien intégré à la gauche en général, elle est de plus un pôle d’attraction et un moteur. Sa force s’exerce à la fois dans le domaine des idées et d’une action sur le terrain. La nouvelle configuration de la gauche ne concerne pas seulement la gauche elle-même : elle affecte la vie politique française tout entière de façon pernicieuse. Le parti socialiste, qui semblait devoir être contraint par les faits à renoncer à certaines folies, s’abandonne maintenant, aiguillonné par l’extrême gauche, à d’anciens démons qui, à peine assoupie, sont toujours prêts à se réveiller. La gauche malgré ces querelles de famille, ses rivalités, ces affrontements internes, reprend espoir et pugnacité. Sans scrupules sans considération de l’intérêt national, elle concentre toute son action au service de son idée fixe : porter des coups au président et au gouvernement. Elle est malheureusement aidée dans son entreprise par l’ampleur et la profondeur de la crise mondiale. »

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