« PISA : une évaluation internationale des acquis des élèves, par Bernard Hugonnier
Il analyse entre autre les derniers résultats des enquêtes PISA (2006), et les enseignements qu’ils fournissent s’agissant du niveau des élèves et des faiblesses qu’ils peuvent révéler dans les systèmes éducatifs des pays participants. L’auteur souligne en particulier que les bonnes performances ne sont pas forcément fonction de l’investissement économique consenti dans les dépenses de l’éducation, mais de l’efficacité des systèmes et de leur capacité à aider et intégrer les élèves d’origine modeste.(…) »
« Une évaluation internationale des acquis des adolescents
Cependant, PISA nous renseigne dans quatre domaines qui, pour ne pas couvrir l’ensemble de la matière éducative, n’en sont pas moins très importants. Il s’agit du cadre scolaire général, de l’environnement d’enseignement, de celui d’apprentissage, et enfin de la gouvernance et de la gestation des établissements.
PISA montre que les pays les plus performants sont ceux qui se trouvent en général en phase avec ces critères : ceux où le nombre d’enseignants qualifiés est élevé ; où la différenciation scolaire entre les élèves est faible et peu précoce ; où la mixité sociale au sein des établissements est élevée ; où le moral et l’engagement des enseignants sont manifestes ; où le soutien aux élèves dans le temps scolaire est développé ; où les relations entre les enseignants et les élèves sont bonnes ; où le moral et l’engagement des élèves et le climat d’apprentissage sont bons ; où l’autonomie des établissement est importante ; où l’implication des parties prenantes dans les décisions de l’école est encouragée : où enfin la culture d’évaluation des élèves mais aussi des enseignants et des établissement est développée.
Ceci montre que pour parvenir à de bonnes performances, toute une série de facteurs doit être réunie ; en d’autres mots, il n’y a pas de panacée. De plus, même si l’ensemble de ces facteurs étaient réunis, rien ne dit que les performances des élèves seraient autant excellentes. Les Etats-Unis se trouvent de fait quasiment dans cette situation et leurs résultats sont loin d’être parmi les meilleurs. Ceci montre que d’autres facteurs, comme la pédagogie et les programmes, ont un rôle essentiel à jouer.
Dans certains cas, PISA permet de quantifier, en termes de score, les bénéfices que peut conférer une configuration particulière. Ainsi, un établissement opérant une sélection stricte sur dossier scolaire, bénéficiant d’une certaine autonomie financière et où les heures de cours sont plus élevés qu’ailleurs, aura en moyenne un score accru de 60 points par rapport aux autres établissements.
PISA nous renseigne aussi, et ces éléments sont aussi primordiaux qu’ils sont nouveaux, sur la psychologie des élèves, qu’il s’agisse de leur intérêt et du plaisir qu’ils prennent en mathématiques, ou bien de leur motivation, leur sentiment d’appartenance (sentiment de l’élève à être bien intégré à l’école), leur perception de soi en mathématiques, leur anxiété à l’égard des mathématiques, ou encore leur motivation instrumentale et leur stratégie d’apprentissage, autant d’éléments particulièrement éclairants pour comprendre leurs résultats.
On pourrait croire que les choses sont liées et qu’en conséquence, les bons élèves sont ceux qui s’intéressent aux mathématiques, présentent une faible anxiété et une forte motivation. Tel n’est cependant pas toujours le cas, la situation étant très contrastée suivant les pays. Ainsi, les jeunes Finlandais et Canadiens ne sont pas très intéressés par les mathématiques ; pourtant, ces deux pays ont de bonnes performances dans cette matière ? c’est la situation exactement inverser qui prévaut au Mexique. En Corée du Sud et au Japon où les performances sont bonnes, l’intérêt est peu élevé ainsi que le sentiment d’appartenance tandis que l’anxiété est forte. En France, enfin, l’intérêt est modeste et l’anxiété élevée, mais c’est le sentiment d’appartenance qui frappe puisque c’est le score le plus faible des 41 pays participants.
Nous vivons à l’heure de l’économie de la connaissance et de la mondialisation. L’une et l’autre exigent une plus haute efficience des services publics, ce qui ne peut être atteint que si l’on peut comparer les investissements réalisés avec leurs résultats, et si les décisions politiques sont prises en plein connaissance de cause. »
In Futuribles, septembre 2008