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Euthanasie ou le « catéchisme du temps présent » Apprendre à mourir, par Emmanuel Hirsch

« Ancien journaliste à France Culture, directeur de recherche en éthique, engagé auprès des soignants dans une démarche constante de réflexion, Emmanuel Hirsch ne veut pas laisser le champ libre aux militants de l’aide active à mourir, qu’il qualifie de « chantres de la libéralisation de la mort ». A l’euthanasie, « promue catéchisme du temps présent », il oppose une démarche ancrée dans la vie : « Une vie digne d’être vécue jusqu’à son terme, ou mieux comme un terme attendu sans trop d’effroi »(…) »

« Emmanuel Hirsch reste totalement sourd aux arguments des militants de l’euthanasie. Il balaie sans même discuter cette volonté de plus en plus revendiquée de pouvoir disposer de soi jusque dans la mort. Pou lui, la demande de mort ne peut que cacher une souffrance, elle n’émerge que « faute d’attention consacrée à la vie. « Il convient d’être plus attentif à la complexité de ce qu’expriment les personnes sollicitant un suicide médicalement assisté, voire une euthanasie ».

Pour Emmanuel Hirsch, la tentation de la mort administrée ne serait qu’une lâcheté. Elle cacherait la terreur de nos sociétés face à la vieillesse et aboutirait à renforcer le déni de la mort et le tabou de l’agonie. « Les conditions d’existence dans la maladie, mais également jusqu’au terme de la vie, me semblent davantage relever de la responsabilité et de l’urgence politiques, que l’organisation – pour compenser le renoncement à nos solidarités entre vivants – des conditions d’une mort précipitée dans les protocoles de l’euthanasie », affirme-t-il.

L’hypothèse de l’euthanasie évacuée, la question de la fin de vie et l’angoisse qu’elle suscite dans nos sociétés vieillissantes restent entières. Selon le directeur de l’espace éthique de l’AP-HP, le débat doit se déplacer vers l’urgence d’améliorer les conditions de la fin de vie en France, dans un souci constant de solidarité. Relever le défi « de la présence et de l’intervention auprès de la personne en phase avancée ou terminale, exemplaires des valeurs de l’humanité ».

Déchirant le voile opaque que la société tisse entre la mort et les vivants, ce bref essai nous rappelle au devoir absolu d’accompagnement des mourants. »

In Le Monde, by Cécile Prieur, le 25 octobre 2008

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