Selon Jean-Marc Nesme, « La déchristianisation rampante, la sécularisation affadie de notre quotidien et l’inculture religieuse font que Noël n’est, pour beaucoup, qu’illuminations et cadeaux, et pour les vacanciers qu’un hasard du calendrier. Or, le christianisme a pénétré en profondeur, pendant plus de 2 000 ans, la société en façonnant notre culture, notre façon de vivre ensemble, notre droit, notre architecture, notre littérature, notre musique, nos fêtes, notre histoire, notre civilisation. Nos racines sont chrétiennes. Si, par malheur, une nation en arrivait à ignorer, définitivement et totalement l’héritage spirituel et religieux de son histoire, elle commettrait un crime contre elle-même. Couper les racines et admettre que l’on vient de nulle part affaiblirait pour toujours le sentiment d’identité nationale. Le déni de notre histoire peut engendrer, faute de courage et d’espérance, une dangereuse fragilité face à ceux qui sont fiers de leur religion, de leur culture, de leurs origines. Fiers de ce qu’ils sont sans nécessairement l’être de ce qu’ils on. Ils ont raison et ils sont de plus en plus nombreux dans le monde, représentant une autre branche de l’arbre de l’humanité, celle de l’Islam. La mondialisation est aussi religieuse et les religions dépassent les frontières, sortant de leurs territoires d’origine. (…) «
« Croyant chrétien ou non chrétien, il importe non pas de brandir l’étendard et de partir en conquête, mais d’être en situation de pouvoir s’enrichir mutuellement et dialoguer avec d’autres religions et d’autres sagesses. Mais on ne peut convenablement dialoguer que si on sait ce qu’ l’on est soi-même et que si on a un message à faire partager.
Dénier notre ascendance qui fait pourtant partie de notre intimité collective telle que l’histoire l’a faite, rend incompréhensible notre environnement présent et futur, rend inexplicables les mouvements profonds de notre monde incertain et rend impuissantes les solutions aux problèmes qui secouent notre planète. Les religions font partie du patrimoine « génétique » des peuples. Les exclure du champ de la raison serait le plus sûr moyen de devoir affronter, faute de messages à partager, ce que l’on craint, à savoir « le choc des civilisations » fondé sur le partage binaire Orient musulman-Occident païen. Ce que les musulmans détestent de l’Occident n’a rien à voir avec la chrétienté, c’est le matérialisme, l’athéisme, le néant et parfois l’arrogance dont on fait preuve en certaines circonstances. Et les fondamentalistes islamiques en font une arme de combat, notamment conte les minorités chrétiennes d’Orient qu’ils assimilent, pour les besoins de leurs causes politiques, aux représentants de l’Occident-Satan. Si nous étions plus courageux pour reconnaître notre souche chrétienne, notre relation avec le monde musulman y gagnerait en sincérité et en efficacité et serait le premier secours pour les minorités chrétiennes d’Orient et d’ailleurs, qui sont victis des pires exactions.
Aurions-nous à ce point perdu la mémoire de nos origines que les persécutions dont sont victimes les chrétiens dans une vingtaine de pays nous laissent indifférents et silencieux ? Dès les premiers temps de l’évangélisation, les chrétiens se sont répandus en Mésopotamie, dans la péninsule arabique, sur les rives du Nil et les bords de la Méditerranée. La présence du christianisme y est bien antérieure à celle e l’Islam, né au VIIème siècle. Ces chrétiens arabes sont là-bas chez eux. Ils sont un trésor pour l’Eglise universelle parce qu’ils en sont la source. Assécher la source, c’est faire dépérir tout l’édifice chrétien. L’enjeu de leur présence là-bas est aussi un enjeu primordial pour le monde musulman qui, comme toute société, a besoin d’altérité pour ne pas se renfermer sur elle-même et pour apprendre le respect de l’autre et de la différence. Nous avons trop tourné le dos à la Méditerranée alors même qu’une partie capitale de nos racines y plonge et que les pays riverains de cette mer sont au croisement d’un grand nombre d’enjeux du monde contemporain. L’Union pour la Méditerranée, voulue par le président de la République, est un acte fondateur essentiel. Il sera de l’ordre civilisationnel si l’UMP a, parmi ses missions, celle d’être un observatoire des religions et un carrefour interactif du pluralisme religieux des cultures. Puisse la mess de minuit dans la basilique de la Nativité à Bethléem être plus qu’un évènement télévisuel furtif, un rappel salvateur des origines de notre civilisation ! »
Par Jean-Marc Nesme* Le Figaro du 25 décembre 2008 in extenso
- Jean-Marc Nesme, député UMP et maire de Paray-le-Monial a lancé en octobre dernier un « Appel en faveur des chrétiens d’Orient », signé par 184 parlementaires français. Il renouvelle aujourd’hui son exhortation au respect des convictions religieuses dans le monde.