Ce paradoxe s’applique à l’apport d’Edgar Morin lui-même : en tant que personne, il est aujourd’hui largement reconnu, mais le mode de pensée pour lequel il se bat, la pensée systémique qui seule permet d’appréhender la complexité des problèmes majeurs, demeure minoritaire face au réductionnisme binaire.
L’interdisciplinarité qu’elle implique est farouchement combattue par des mandarins. Cela illustre les difficultés que rencontre toute innovation : les ouvrages d’Edgar Morin, parce que l’on peut les enferment dans une catégorie unique, philosophie, sociologie, ou histoire…, irritent encore bien des penseurs et effraient bien des critiques qui ne fonctionnent que selon des étiquettes mono disciplinaires. La pensée d’Edgar Morin se situe ainsi au cœur même de la problématique du changent et de l’innovation dans un monde bloqué par ses pesanteurs culturelles auto-entretenues.
Par Edgar Morin, in Futuribles, septembre 2008