J’avais déjà, voici quelques mois, ennuyé, une fois de plus, le lecteur avec mon goût des paradoxes, en saluant l’avènement d’une sortie de « socialisme américain », essentiellement fondé sur une emprise sans commune mesuré avec le passé de la puissance publique. Je n’y reviendrai pas dans le détail, tant maintenant l’idée est en passe de devenir un truisme (…)
Je n’y reviendrai pas dans le détail, tant maintenant l’idée est en passe de devenir un truisme : le magazine Times publie, par exemple, une caricature où le drapeau américain passe, après un moment de transition, à l’état de drapeau français, signifiant par là que l’Amérique, sous le choc de la crise, vient d’abandonner tous ses principes antérieurs au profit d’un centralisme pragmatique et étatique, fondé sur la hausse des impôts, puisque personne ne croit ni au remboursement des créances accordées aux institutions financières en déroute, ni non plus par leur financement par la dette, laquelle, malgré l’impressionnante bonne volonté chinoise en ce domaine, a atteint, elle aussi, ses limites physiques.
Ce qui demeure controversé dans cette affaire, c’est la forme que prendra alors ce grand tournant de la civilisation américaine, auquel nous sommes déjà parvenus à l’étage de son infrastructure fondamentale : Wall Street. Sans aucun doute, l’économie de marché et même la forte inégalité apparente des rémunérations ne sont vraiment en cause, et pas même l large présence des Etats-Unis dans le monde.
Car pas plus que Nixon dans les années 1970 ou Eiseinhower avant lui, dans les années 1950, n’étaient parvenus à infléchir sérieusement le modèle hérité des démocrates rooseveltiens, l’épisode Clinton n’était pas davantage parvenu, surtout après la « cohabitation » imposée par un Congrès républicain dominé par Gingrich, a recréer les bases d’un Etat-providence solide ou a endiguer l’ouverture libérale des marchés, malgré quelques tentations protectionnistes initiales.
Voici que dans la hâte et le tremblement un nouveau modèle s’est mis en place en quelques semaines. Désormais, malgré les criailleries populistes de certains élus de gauche ou de droite, le principe des hausses d’impôt est adopté.
Nous avons vu que le passage du modèle rooseveltien au modèle reaganien n’avait as assuré en revanche la même transformation de la politique étrangère, n’était-ce la suppression du service militaire. Cette fois-ci, le bouleversement ne peut-être que beaucoup plus important : l’Amérique achève la phase proprement militaire de la guerre antiterroriste, et elle se dote d’un modèle volontariste en économie qui pourrait aboutir à une révolution stratégique formidable : moins d’opérations de police, une redéfinition radicale des priorités, portées par une nouvelle austérité financière, mais aussi et contradictoirement, sur les confins pakistanais, peut-être l’esquisse d’une vraie guerre avec une véritable armée au Pakistan en alliance avec l’Inde, Israël, et qui peut savoir ce que ferait un nouvel Iran plus proche de Washington. Car nous sommes peut-être en train de quitter un système élitaire dans le fond très permissif et assez complaisant où l’enrichissement personnel était roi et la transformation de l’armée en une superpolice internationale, l’une des conséquences majeures. Désormais, on peut tout à fait envisager la fin de e néocolonialisme réticent, mais peut-être aussi la volonté d’assumer des conflits bien plus vastes avec des puissances qui ne se cacheraient plus derrière le petit doigt, même inquisiteur, d’Oussama Ben Laden.
In Le Figaro, by Alexandre Adler, le 27 septembre 2008
Au travail Mr OBAMA
Lettre ouverte à Monsieur OBAMA,
Mr OBAMA vous avez deux choix possibles, le premier choix consiste à continuer sur la même route que vos prédécesseurs et alors vous serez le président de la très grande désillusion, le deuxième choix historique consiste à reformer ensemble le monde et alors vous serez un bienfaiteur.
Monsieur OBAMA, compte tenu de toutes les espérances et de toutes les énergies que vous avez fusionnées autour de vous, il est de votre responsabilité pour continuer la mobilisation de faire une déclaration publique où vous vous engagez sur programme politique ambitieux.
En transformant notre modèle économique actuel, vous devez remettre à plat toute la politique américaine et mondiale pour la centrer sur la seule vrai richesse : l’Homme.
La crise actuelle prouve au moins trois choses, la première chose c’est que nous sommes dirigés soi par des irresponsables corrompus ou bien par des naïfs qui pensent que le système financier peut créer de la croissance durable alors qu’il a seulement vocation à faire des profits à court terme (c’est par le travail que l’on enfante et non par la spéculation, il faut savoir que le prix de beaucoup de produits seraient divisés par deux si nous supprimions tous les intermédiaires inutiles) ;
La deuxième chose c’est que nos politiques sont capables mondialement de mobiliser des milliards de dollars, et dans le même temps nous dire qu’ils n’ont pas d’argent pour régler les vrais problèmes. (2500 milliards de dollars ont été rajoutés à la dette publique mondiale en un mois seulement, alors que 30 milliards de dollars suffiraient à stopper la famine dans le monde) ;
La troisième chose c’est que le citoyen a compris que sans son argent et sa confiance le système libéral s’effondre, (le citoyen est le seul moteur possible du changement).
Il est temps d’agir et de se mobiliser pour s’engager en politique. Ne laissons plus une minorité faire n’importe quoi avec l’avenir de nos enfants. Utilisons l’outil formidable que peut être Internet pour débattre des problèmes importants et pour voter des lois utiles rapidement.
Rappelons-nous toujours que c’est grâce aux fruits de notre travail et à notre bienveillance que le système fonctionne.
Les pertes des marchés financiers ont encore créés de profondes injustices simplement parce que les gouvernements ont été faibles et complaisants.
Aujourd’hui des organismes comme le FMI entretiennent avec l’argent du contribuable, la misère et la famine dans les pays en développement, et ensuite d’autres institutions comme l’ONU envoient sur place des militaires pour compter les morts.
Les élus sous la pression des citoyens doivent prendre leurs responsabilités pour encadrer les marchés et les institutions internationales (interdiction des paradis fiscaux, réglementation et taxation des profits boursiers, nationalisation des organismes de notation boursier, contrôle de l’utilisation de l’argent publique).
Les dictatures sous la pression financière des états démocratiques seront alors renversées par les peuples souverains. (Les droits de l’homme doivent toujours prévaloir sur la notion d’état souverain. Il est intolérable aujourd’hui qu’un dictateur sous prétexte qu’il est dans un état souverain perpétue des génocides en toute impunité sans intervention de la communauté internationale).
L’état démocratique doit récupérer sa place centrale et doit encadrer par des lois strictes les activités marchandes pour interdire toutes interventions des marchés dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la justice.
L’histoire en marche montre que sans un citoyen actif, il n’y a pas d’état fort et que sans un état fort, il n’y a pas de démocratie possible.
Le citoyen veut participer à la mise en place rapide d’un système où l’on prône l’égalité des droits et des devoirs, car le sens d’une grande réforme ne peut être compris et soutenu par la population que si cette réforme est profondément juste.
Nous appelons tous de nos voeux un projet politique mondial, constitué autour d’hommes et de femmes aux sensibilités multiples, mais d’abord reconnus pour leurs compétences, leurs intégrités et leurs expériences dans les domaines dont ils auront la charge.
Un projet politique où la langue de bois n’est pas de mise et où les intérêts du plus grand nombre passent avant ceux des castes constituées ; un projet où la vérité sur la situation sociale, environnementale et économique mondiale est enfin décrite avec objectivité ; un projet qui par le travail de tous apportera confiance et optimisme à chacun.
Les grands enjeux sont connus de tous : l’éradication de la misère (1% des américains les plus riches détiennent 22% de la fortune du pays), le contrôle de la démographie, l’anticipation des changements climatiques et leurs répercutions sur le vivant, la maîtrise de l’énergie et son utilisation, l’éducation et le partage des ressources, le développement durable et la santé…..
Chacun est responsable à son niveau de la situation actuelle et il dépend de chacun que les choses changent rapidement. Pour cela nous devons faire abstraction de nos différences et mettre en commun nos énergies, alors seulement nous éviterons l’anéantissement du genre humain.
Nous voulons un gouvernement exemplaire garant des directions et des engagements pris, qui par son sens de la justice mobilise la société pour la transformer en une société citoyenne et participative.
Un grand homme d’état est celui dont le désir ne s’arrête pas à ses savoirs et à ses pouvoirs. Vous allez faire un job qui consiste par l’exemple et par l’action à remobiliser toutes les énergies bienveillantes derrière vous. Un job ou vous allez être un moteur dans les processus nécessaires à un monde qui doit changer très vite.
C.D.M
Un homme ordinaire dans une humanité aux ressources extraordinaires.