Ramzan Kadyrov n’est pas seul maître à bord à Grozny, loin de là. Grâce aux moyens financiers substantiels dont il dispose, il est capable d’améliorer le quotidien matériel de ses concitoyens ; mais son influence politique et militaire locale demeure minime. Sa présence au pouvoir réside dans sa capacité à entretenir le statu quo sur le terrain, il ne décide pas des grandes orientations.
Il est, en effet, le produit d’un processus de recomposition en panne. Le fait qu’il ait accédé à la présidence révèle les blocages du système politique et de l’organisation du pouvoir au sein de la Russie post-soviétique.
La Russie doit se lancer, à la fois, à réformer son armée et à choisir, enfin, entre un modèle nationaliste et un idéal fédéral. Ces deux grands débats représentent les principaux obstacles à l’établissement d’une paix durable en Tchétchénie.
C’est finalement, bien à Moscou et non à Grozny que se jouera l’avenir de la petite république.
Source Politique Internationale,
Hiver 2008
La danse sur le volcan
La Georgie a déclanchée l’avalanche qui a déstabilisé l’équilibre politique entre la Russie et les alliés de l’Otan dont l’Europe occidentale.
Voici la Russie privée de ses anciens membres de l’Union Soviétique, et L’Amérique, son ancien ennemi du temps de la guerre froide, avec dans son sillage, les pays membres de l’Occident, dont l’Union européenne, face à un tour de force, avec des chars russes, comme pour le printemps de Prague.
Mais l’enjeu est d’une toute autre nature pour les Russes d’aujourd’hui. Les deux petites enclaves Géorgiennes du Nord, l’Ossétie et l’Abkhazie, disputées, dont l’indépendance ne représenterait aucun intérêt pour la Russie, n’est rien d’autre qu’un prétexte aux Russes, pour se venger de l’indépendance du Kosovo qu’elle n’avait pas approuvée et qu’elle n’a pas digérée.
Maintenant qu’elle à la main sur le robinet du pétrole et du gaz qui lui rapporte l’argent nécessaire pour poursuivre ses ambitions politiques dans la valse des sphères influentes de la mondialisation, et dont l’Europe ne peut pas se passer actuellement, la Russie peut se permettre de hausser le ton et de narguer le super puissant américain et ses alliés.
Elle est en train de tester la contre réaction occidentale et américaine, sur le terrain Europe. Le prochain coup sera L’Ukraine, si son coup d’essais s’avère un coup de maître du Kremlin.
La Pologne tremble déjà à l’idée d’un abandon d’installation d’un bouclier nucléaire sur son territoire par l’Otan.
Géorgie,Ukraine et Pologne, voici les épines dans le talon du Russe, maintenant qu’il n’y a plus de pacte soviétique, et la demande d’adhésion de la Géorgie à l’Otan, l’exaspère. Elle se voit déjà entourée d’une ceinture de missiles dirigés contre elle. Et c’est bien le but inavoué de l’Amérique.
L’Europe risque d’être à nouveau le théâtre d’une guerre froide.
Mais la Russie peut elle aller jusque là, avec le risque Afghan et Pakistan dans son dos ?
Elle pourra, dans un premier temps, marcher sur les plates bandes des contrées à problèmes pour l’Occident et l’Amérique, pour jouer les troubles fêtes. Mais elle sait que seule, elle ne pourra plus tenir face à la montée de tous les dangers qui la guette à ses frontières orientales.
Donc elle devra retirer ses chars de la Géorgie, et à moyen terme, se plier aux exigences de l’Union européenne, qui ignorera sa reconnaissance d’indépendance des enclaves du Nord de la Géorgie , et qui insistera sur l’intégrité du territoire de la Géorgie.
La Russie ne peut pas se permettre une guerre froide, pas plus que l’Union européenne et l’Amérique, face à la montée des pays émergeant comme l’Inde, la Chine et l’Amérique du Sud ou l’Afrique, à l’heure de la mondialisation avec ses problèmes comme l’environnement, l’explosion démographique, les ressources premières, les conflits sociaux…
Mais tous ces ingrédients politico économiques, entraîneront le monde dans une danse sur un volcan près à exploser.