Alvin Toffler et la richesse sans limites
Certains économistes, nous rappelle Stéphane Marchand dans un article du Figaro du 10 octobre 2007, l’affirmaient au siècle dernier : la connaissance et l’intelligence sont le pétrole de demain. Le savoir n’est pas une énergie fossile. Les technologies de l’information et de la communication, elles, sont en train de transformer radicalement la manière dont nous créons, reproduisons et stockons le savoir. Sans aucunes limites apparentes. Le monde souffre en mille endroits d’une misère effrayante, mais il est aussi entré dans une ère de prospérité sans fin. Le savoir est « une richesse révolutionnaire », affirme Alvin Toffler dans son dernier livre « La richesse révolutionnaire » chez Plon. Le futurologue le plus prolifique et le plus influent du monde nous brosse le portrait du monde postindustriel qui vient.
Plus on pompe de pétrole, moins il en reste, mais plus nous utilisons la connaissance plus nous en créons.
Alvin Toffler nous indique alors une économie de demain qui fonctionnera donc sur une ressource inépuisable. Le monde est en train d’opérer un basculement irréversible.
La quantité de savoir stockée à l’intérieur du cerveau humain est devenue négligeable par rapport à celle qui est stockée dans le « cerveau externe » du monde, celui qui contient tout le savoir imprimé et celui qui est intégré dans la mémoire des ordinateurs et des supports numériques. L’Offre globale de connaissance, l’OGC, voilà l’indicateur conjoncturel du futur.
Il s’affiche, de ce fait, une économie dont les transactions sont de plus en plus nombreuses à se faire sans échange monétaire. Toffler nous montre que l’économie dans laquelle nous croyons vivre n’est qu’un appendice d’un système bien plus vaste, l’économie « prosommatrice », où l’activité n’est ni payée ni mesurée.
Les « prosommateurs » créent des biens, des services et de l’expérience à leur usage privé, ils sont producteurs et consommateurs. Toutefois, en dépit des apparences, la « prosommation » n’est ni un acte individuel ni cantonné à la charité. Toffler démontre que l’économie monétaire ne pourrait survivre sans la subvention permanente que lui fournit cette inlassable activité « prosommatrice ». Elle est au cœur de cette « richesse révolutionnaire » et invisible qui fait bouger le monde.
Source Le Figaro Economie, Décembre 2007