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Le développement durable : une idéologie ? Entre sécurité, peurs et catastrophes (1/2)

Principe de précaution et instrumentalisation des peurs En 1992, la déclaration finale du sommet de la Terre de Rio où le développement durable est intronisé sur la scène internationale, affirme qu’ « il est nécessaire de limiter, d’encadrer ou d’empêcher certaines actions potentiellement dangereuses sans attendre que ce danger soit scientifiquement établi de façon certaine », fondant ainsi le principe de précaution selon lequel il est préférable de s’abstenir d’agir lorsque les conséquences d’une action peuvent être « graves » et « irréversibles ». Mais ce principe soulève nombre de questions : comment identifier la probabilité d’occurrence des risques et leur gravité lorsqu’il est indéterminé ? D’ailleurs, au moment d’une décision qui engage la collectivité, comment déterminer les « meilleures » combinaisons alors que les tiers absents (par leur absence, précisément) ne peuvent rien dire de leurs attentes ?

S’il est bien un aspect du développement durable où les ambiguïtés du couple sécurité-insécurité sont immédiatement perceptibles, c’est le principe de précaution. Derrière lui, se dissimule souvent l’idée que tout risque encouru ne présentant pas un gain personnel direct est indu. Ce principe est donc invoqué à la manière d’un épouvantail par tel ou tel groupe d’intérêt dès l’instant où il concerne un environnement de proximité.

La peur est donc un élément important à prendre en considération dans le développement durable : rumeurs et phobies, méfiance des populations à l’égard des décisions, quelles qu’elles soient, manipulation des craintes par les acteurs pour faire adopter leurs priorités sans critiques. Un phénomène d’autoprotection face à toute innovation vécue comme l’expression de la « force brutale » d’une élite se répand dans nos sociétés

Il est essentiel, pour comprendre la dynamique et les enjeux de la peur, de prendre en compte son ambivalence : à la fois émotion primitive physiologique et construction théorique complexe. Elle est impliquée dans nombre de comportements : fuite devant les dangers réels, crainte de dangers imaginaires. Comme telle, elle est sujette à une variabilité culturelle, comme toute autre expérience émotionnelle et corporelle. La peur mobilise à la fois une dimension individuelle en tant qu’expérience intime, et collective, partagée avec d’autres dans l’espace public. Car les peurs sont mises en scène socialement.
Elles délivrent des informations sur les représentations et les valeurs de nos contemporains : rapports de générations, rapports de genre, rapport à l’environnement, etc.
Dans la peur du bioterrorisme, des maladies contagieuses, de la folie, des diverses contaminations de la contagion de maladies inconnues et à venir, de quelle forme de rapport à l’autre s’agit-il ? Il est troublant de constater que, dans nos sociétés, ces peurs vont de pair avec une mise à distance de l’autre.

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