« Les entreprises qui n’intègrent pas le développement durable seront hors de course ».
Présidente du parti Cap 21, ancien ministre et avocate, Corinne Lepage milite pour que les PME intègrent plus volontairement le développement durable à leur stratégie. » – Les questions environnementales sont-elles encore aujourd’hui l’occasion de rechercher un avantage concurrentiel ?
- Nos concitoyens n’ont pas attendu et ont déjà bouleversé leur mode de consommation. Les industriels qui n’anticipent pas cette évolution vont perdre du terrain et disparaître. Aujourd’hui, si la PME n’intègre pas le développement durable dans ses stratégies, elle va très vite être hors course. C’est une question de survie ! En refusant cette donne, elle se retrouvera face à des coûts de production plus élevés, notamment par rapport à nos voisins européens. Il est impératif et urgent de modifier les process, de mieux gérer les déchets. L’environnement représente une source d’innovations, d’emplois et d’économies. La gestion rationnelle de l’énergie et des matières premières permet de réduire considérablement la consommation, les coûts de traitement, ainsi que les frais de recyclage et de ce fait l’impact des activités industrielles sur l’environnement. Ce n’est plus le « toujours plus » qui doit guider notre économie mais bien le « toujours mieux ».
- Vous évoquez une création d’emplois grâce à la prise en considération de l’environnement. On oppose pourtant souvent environnement et économie…
- Nous avons complètement tort… cette analyse est d’un autre siècle ! Ceux qui continueront à opposer économie et environnement sont à mon sens les mêmes qui vont « plonger » de manière inéluctable, et ce pour deux raisons : la crise écologique que nous vivons commence à faire sentir son poids économique et seuls les process les plus économes en termes de matières premières et d’énergie perdureront.
- Seconde raison, dans la mesure où la problématique environnementale concerne la planète entière, je suis convaincue que dans les dix années à venir, toutes les éco-activités rencontreront un développement de la même nature que les NTIC dans les années 90. Cela a déjà commencé ! On le voit avec des taux de croissance de 50 a60 % dans des secteurs comme le photovoltaïque.
- J’estime véritablement dommage que les acteurs politiques et les grands acteurs économiques, de connivence en réalité, bloquent le développement de ces nouveaux secteurs. »
In Agir et entreprendre (juillet-août 2007)