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Serbie : l’adieu au Kosovo

Le dossier kosovar dépasse largement la seule question de l’intégrité territoriale de la Serbie : la communauté internationale peut-elle modifier des frontières reconnues en temps de paix ? Des entités séparatistes situées dans d’autres pays profiteront-elles de ce précédent pour s’engouffrer dans la brèche ? Last but not least : l’expansionnisme des régions musulmanes va-t-il déstabiliser toute l’Europe du sud-ouest ?

Cette dernière question est plus que jamais d’actualité. Car un arc de tensions se développe depuis quelques années de part et d’autre du Kosovo. Au Sandjak – une région serbe peuplée pour plus de 50% de musulmans et qui représente un couloir stratégique de 8 873 km² reliant le Kosovo à la Bosnie -, une guérilla politique oppose, parfois violemment, les représentants des deux partis musulmans : le Parti d’action démocratique (SDA) qui prône un rattachement à la Bosnie voisine, et le Parti démocratique du Sandjak (SDP), plus légaliste vis-à-vis de véritable scission entre les organisations musulmanes de Serbie. Enfin, le terrorisme islamiste a récemment fait son apparition. A la suite de la guerre de Bosnie (1992 – 1995), certains groupes de moudjahidin afghans et arabes d’attente, les groupes wahhabites sont passés à l’action au printemps 2007 et la police serbe a démantelé plusieurs camps d’entraînement militaires au Sandjak.

Dans la vallée de Presevo, située au sud de la Serbie et majoritairement peuplée d’Albanais musulmans, une guérilla albanaise maintient la pressions sur la police serbe. Le 24 février 2003, à 10 km de Bujanovac, le policier Milan Vujovic était tué en patrouille sur une mine ; et fin octobre 2005, une bombe explosait dans le centre de Presevo, attentat revendiqué par un groupe armé albanais. La demande de rattachement au Kosovo est portée par tous les partis albanais de la vallée, qui proposent un marché : l’incorporation de la partie septentrionale du Kosovo à la Serbie en échange de l’intégration de Presevo au nouvel Etat kosovar.

En prenant en main le règlement de la question du Kosovo, les Etat-Unis ont démontré l’impuissance et les divisions de l’Europe. L’ambassadeur américain à l’ONU, Zalmay Khalilzad, fait le pressing pour qu’une résolution sur l’indépendance du Kosovo soit votée le plus vite possible par les Nations unies. Son activisme met dans l’embarras une UE qui recherche actuellement un compromis avec la Russie. Or si les Européens ne parviennent pas à résoudre un problème territorial au cœur de leur continent, l’ »effet domino » de l’indépendance kosovare pourrait être de grande ampleur. Nous avons évoqué les Ossètes, les Abkhazes et autres Transnistriens… mais inutile de chercher si loin : les séparatistes écossais, flamandes et basques n’attendent que le signal que serait une indépendance complète du Kosovo pour morceler encore plus les derniers avatars des Etats-nations…

Politique Internationale (été 2007) n°116 Par Alexis Troude

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