Au cœur des préoccupations des Français, la maîtrise de l’avenir prend un tour inédit. Une récente étude portant sur les priorités des Français l’établit sans ambiguïté ; la santé est la première demande adressée aux Pouvoirs Publics. L’élément le plus intime de chacun de nous, son corps, se voit en quelque sorte remis à l’Etat pour qu’il lui garantisse ce bien primordial : la santé.
Cette transformation ne va pas sans paradoxe. Jusqu’où faudra-t-il aller dans le transfert des responsabilités individuelles vers le collectif, quand le seul fait de prendre soin de soi, de fréquenter raisonnablement son médecin, se voit confier au politique ?
Le même paradoxe est à l’œuvre dans l’explosion des textes, des instances supposées rassurer les assurés et garantir les garanties, tels que les décrets d’application du PERP, tel que le récent débat parlementaire sur les garanties des assurés et le délai de renonciation des contrats.
La sécurité à un coût, et la quête sans fin de la sécurité totale a un coût dissuasif pour l’entreprise, son client et la société toute entière. L’ajout de la prudence à la prudence signifie des procédures et finit par créer de nouvelles insécurités. C’est tout le paradoxe d’une recherche de sécurité qui perd son chemin, le chemin de la responsabilité individuelle, du choix raisonné fondé sur le libre examen et la concurrence, de la transparence, parce qu’elle oppose la liberté et la sécurité.
Devant la forte exigence de sécurité financière des Français confrontés à la préparation de leur avenir à long terme, devant l’exigence montante d’un capital santé durable aussi longtemps que la vie –plus de 80 ans désormais pour les Françaises et les Français !- l’erreur consiste précisément à opposer la liberté et la sécurité, et à considérer l’intervention publique comme le moyen de la confiance.
C’est la liberté de juger, de comparer de gérer qui produit la seule véritable sécurité, qui vient de la confiance en soi et de la capacité à agir. C’est la liberté de s’associer, d’agir pour défendre ses intérêts qui donne capacité à se projeter dans l’avenir. Et s’il est un devoir des Pouvoirs Publics, comme des entreprises, il réside pour l’essentiel dans la transparence, et le souci permanent de l’utilité de leurs offres.
By Hervé Juvin (Eurogroup Institute), Chroniqueur à l’Expansion, la Tribune Juin 2005
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Oui c’est l’un des paradoxes de notre société, mais il faut le prendre au sérieux et chercher ensemble les raisons du changement mais aussi les solutions à y apporter…