Avec la catastrophe du tsunami et le mouvement mondial de solidarité sans précédent qu’elle a suscité nous avons changé d’ère. Après la mondialisation économique vient la celle de l’émotion, de la compassion et de la bonne action. Ces événements loin d’être superficiels nous révèlent notre part d’universel et nous rapproche de la société mondiale : unisson des réactions et des actions, mobilisation unanime des ONG, des entreprises, des individus et des gouvernements…
Or c’est sur la conscience de l’universalité de l’homme que sont fondées les valeurs les plus nobles de notre civilisation occidentale. Elle naît dans les textes des penseurs de l’antiquité, dans les œuvres de la Renaissance et des Lumières. Elle a déclenché nos révolutions en France et aux Etats-Unis, a fait expirer les régimes communistes… Elle se retrouve dans les textes sacrés de la plupart des religions.
Mais aujourd’hui, on a tellement peur de la globalisation, et l’Occident lui-même est tellement empêtré dans une repentance extrêmiste que l’on se défend de vouloir répandre les valeurs humanistes, que l’on souscrit à la théorie du « choc des civilisations », théorie approximative qui légitime l’affrontement entre les cultures au nom de la différence irréductible, l’Occident contre l’Orient. Tout serait donc relatif, rien de définitif… Démocratie et liberté politique ne seraient que des formes d’organisation contingentes dues au climat tempéré et au naturel paisible de nos tribus occidentales… les autres voguent vers un autre destin et l’Occident n’a pas de légitimité à semer les valeurs humanistes et libérales !
Pourtant, il faut se référer aux chiffres éloquents de l’organisation Freedom House qui mesure la progression de la démocratie dans le monde : en 2004, la moitié des habitants de la planète a été appelé aux urnes, le nombre de pays libres n’a jamais été aussi important, il a considérablement augmenté en 30 ans (46% en 2004 contre 27% en 1974). Certes il reste de nombreuses régions sans liberté ou libres mais encore gravement instables (Irak, Territoire palestinien) où les élections démocratiques ou les projets de paix sont compromis par les terroristes.
Les valeurs humanistes sont-elles relatives ? Les tenants du relativisme dénoncent la domination de l’Occident à travers ces valeurs. Les valeurs humanistes – c’est-à-dire pro-humanité – sont bonnes en soi. Ce n’est pas parce que ce sont les nôtres qu’elles sont bonnes mais c’est parce qu’elles sont bonnes qu’elles sont les nôtres et qu’elles doivent le rester. Et c’est parce qu’elles sont bonnes qu’elles peuvent s’enraciner dans toutes les cultures. Les valeurs humaines sont universelles. « Tout ce qui monte converge » (Père Teilhard de Chardin). L’universel libère, rejoint. L’universel n’est pas l’uniformité, c’est la convergence et le dialogue. L’universel fait la synthèse c’est lui qui combattra le global.
Voir François Lenglet, « L’ère de l’homme universel » in les Enjeux, février 2005
Voir aussi : La globalisation abolit la diversité du monde. (4/5)
Voir aussi : Mondialisation : le vocabulaire du mythe (3/5)
Voir aussi : Mondialisation, libéralisme et globalisation, pourquoi 3 fléaux ? (2/5)
Voir aussi : Mondialisation : essai de définition d’une réalité multiple. (1/5)