Pour les socialistes, les gouvernements de droite échouent à agir et à transformer parce qu’ils sont trop libéraux et pour Alain Madelin ils échouent parce que pas assez libéraux. Dialogue de sourds, le libéralisme a tant d’acceptions différentes. La définition historique fait du libéral le farouche défenseur des libertés : liberté de la presse face à la censure, liberté de la pensée face à l’absolutisme. Si les mots ont un sens, le libéral fut, d’abord, un homme gauche.
Et, la liberté ne se divisant pas, le libéral est, aussi, favorable à la liberté du commerce. En ces temps de mondialisation, cela le rend suspect d’être complice des multinationales et de la haute finance. En vain objectera-t-il qu’il n’est pas hostile au concept d’exception culturelle. De même il ne parvient généralement pas à convaincre ses adversaires, qui ironisent sur les ravages produits par un renard libre dans un poulailler libre, qu’il est favorable à l’intervention de l’Etat pour fixer des règles sociales fortes. Car il n’est pas plus pour la surpression du droit du travail que pour celle du code de la route. Il constate juste que l’excès de réglementations et de normes, et la multiplication des agents chargés de surveiller leur application, peut nuire à la libre initiative de l’individu qui est seul créateur de richesses. Il rappelle juste que la planification impérative aboutit toujours au totalitarisme et à la disette. A ce point du débat il se fera souvent traiter d’ultra du libéralisme, ce qui n’a aucun sens, puisque précisément, par définition, un libéral ne peut pas être ultra. A la différence de tous les idéologues qui ont ensanglanté le 20ème siècle, le fondement de sa pensée est de savoir qu’il ne détient pas de vérité révélée, il sait que la politique est un art difficile et il est prêt à accepter toute forme d’expérimentation et de dialogue avec ceux qui ne pensent pas comme lui… Et oui c’est un fait le libéralisme véhicule en France une image déformée et caricaturale !