Depuis 2004 on a vu les modèles d’intégration européens laminés. Le modèle néerlandais avec l’assassinat du réalisateur Théo Van Gogh par un islamiste ; l’anglais avec les attentats de Londres de juillet 2005 par des terroristes britanniques d’origine pakistanaise ; tandis que le modèle français flambait dans les banlieues.
Chaque modèle avait pourtant son génie propre, ancré dans son histoire, sa religion dominante, son tempérament national. L’anglais privilégiait la liberté ; le hollandais, la tolérance ; le français, l’égalité. L’anglais jouait avec le dialogue fécond entre les communautés et le marché pour l’enrichissement de tous ; le néerlandais avait ouvert grand ses portes à la salutaire immigration, supprimé les cartes d’identité, incité les communautés à la tolérance ; le français laissait face à face l’individu et l’Etat pour l’émancipation de chacun. En Angleterre, l’intégration économique des immigrés indo-pakistanais est remarquable ; c’est aux Pays-Bas que la remise en cause intellectuelle de l’Islam a été la plus audacieuse ; et les étrangers continuent d’être impressionnés par la capacité intégrationniste de nos écoles maternelles jusqu’à notre système de santé. L’intégration culturelle est le cadet des soucis anglais ; l’intégration économique est le plus grand échec français (l’économie française est un échec tout court !!!). En Allemagne, le communautarisme turc a tiré parti du système fédéral pour se replier sur lui-même entraînant une vague d’islamophobie qui gagne dans la classe dirigeante jusqu’aux Verts. L’Espagne est victime de l’impasse de système d’intégration déchirée entre le sécessionnisme basque, l’islamisme et le renouveau du nationalisme. En Italie l’afflux d’immigrés du sud et de l’est provoque des rejets violents ayant poussé notamment en 2004 le gouvernement de Berlusconi à une politique d’expulsion. Partout les émeutiers imitent leurs « frères » palestiniens de l’Intifada ou les kamikazes d’Irak et d’ailleurs pour revendiquer. Revendiquer quoi ? Depuis des années, en France ils se plaignent qu’on les exhorte à « s’intégrer » et rétorquent en montrant leur carte d’identité française « nous sommes intégrés ». C’est qu’on ne parle pas la même chose… On peut être français et ne pas être intégré… être intégré ce n’est pas seulement avoir une carte d’identité, c’est adhérer à une manière de vivre, aux valeurs d’une communauté nationale… être intégré c’est en fait être assimilé ! Mais le mot et l’action ne sont pas politiquement corrects et ne sont plus imposés. Malheureusement personne n’a vraiment renoncé à l’assimilation, et on attend hypocritement des immigrés qu’ils le comprennent tous seuls ! Tout cela fait le lit d’une « guerre civile » rampante qui sévit en Europe et qu’en France nous refusons de traiter en préférant disserter sur les causes sociales de la révolte. En la matière les exemples de nos voisins européens nous montrent que les difficultés économiques et sociales ne sont pour le moins que des causes aggravantes. C’est bien de culture qu’il s’agit. Quelle culture voulons-nous une bonne fois pour toutes, transmettre aux immigrés « extra-communautaires » de la 2ème et 3ème génération ? Telle est la question urgente et fondamentale à traiter sans tabou maintenant.
A voir également les articles suivants : « Religion et laïcité, même combat », Gilles Bernheim, le Figaro, 27 et 28 janvier 2001 « Le rêve brisé américain », Joseph Yacoub, le Figaro, 1er février 2001 « Québec la double impasse », Alain-Gérard Slama, le Figaro, 29 janvier 2001 « Angleterre, sikh transit », Anne-Catherine Poirier, le Figaro, 27 et 28 janvier 2001 « L’islamisme brise le modèle hollandais », Laure Mandeville, le Figaro, 10 novembre 2004 « Le naufrage multiculturel », Alain-Gérard Slama, le Figaro Magasine, fin 2004
