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Etat pré insurrectionnel (3) : les non-dits des banlieues

Les émeutes parisiennes ont des airs de guérillas palestiniennes. A Clichy-sous-bois d’où est partie la rébellion ce fameux jeudi 27 Octobre 2005, un camion de CRS a été visé par balles. A la Courneuve, des policiers ont essuyé des tirs, nombre d’entre eux ont été blessés par des jets de marteaux et de cocktails molotov. Des postes de police, des commerces, des écoles ont été pris d’assaut, des voitures incendiées… Pourquoi feindre ce début d’Intifada ?

Malheureusement l’appel à la « non-stigmatisation des quartiers » et à la « non-discrimination » des jeunes de banlieues du ministre de la promotion de l’égalité, Azouz Begag, a rendu, une fois de plus, le sujet du refus de s’intégrer de certains tout simplement inabordable. Car enfin, cette violence n’est pas uniquement le produit de la société – comme le récite la pensée automatique. Ces jours-là nous avons vu une police obligée de se défendre pour avoir voulu pourchasser deux jeunes qui, fuyant un contrôle d’identité, se sont tués en pénétrant dans un transformateur EDF. La police puis le gouvernement pour tenter de ramener l’ordre républicain sont devenus les oppresseurs. L’Etat obligé de s’excuser, de se soumettre aux exigences des « frères » contribuant au maintien de l’ordre à Clichy en criant « Allah Akbar », demandant et obtenant le retrait de la police. Dominique de Villepin obligé de recevoir sur leur demande les parents de Zyed et Bouna, les deux adolescents électrocutés pour faire amende honorable, après que les belles âmes ait crié leur indignation sur la « bavure d’une gravité extrême » (sic MRAP) du tir d’une grenade lacrymogène à proximité de la mosquée Bilal… Curieusement, ces mêmes belles âmes n’ont eu aucun mot pour dénoncer le lynchage de Jean-Claude Irvoas, 56 ans, père de famille, employé dans une société de mobilier urbain qui, circulant dans un « quartier sensible » d’Epinay en compagnie de sa femme et de sa fille, sort de sa voiture pour prendre un réverbère en photo. Pris à partie par des voyous qui veulent lui voler son appareil, il est roué de coups durant 90 secondes sous les yeux de sa famille. On attend toujours les commentaires d’Azouz Begag, du MRAP, de la gauche et de tous les donneurs de leçon sur cette tragédie. Mais peut être le photographe, « étranger » au quartier a-t-il lui aussi, par sa seule présence, excité leur « susceptibilité »…

« Cités les non-dits d’une rébellion », bloc-notes d’Yvan Rioufol, le Figaro, 4 novembre 2005

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