Par Henri Bergeron la découverte, 2009,123 pages
« Ancien membre de l’observatoire européen des drogues et des toxicomanies le sociologue Henri Bergeron se consacre aux pratiques médicales et à la santé publique. Il s’interroge plus particulièrement sur l’usage de drogues, c’est-à-dire les substances illicites par opposition aux psychotropes autorisés comme l’alcool.
Dans la première partie qui décrit la « révolution psycho active » de la fin du XIXe siècle, qui désigne l’émancipation des usages de drogues par rapport au cadre de régulation sociale, suivie d’une démocratisation et d’une diversification des substances au XXe siècle. Outre les arguments économiques, le désir de socialisation et d’adaptation, et celui d’améliorer ses capacités peuvent expliquer ces usages.
Les deuxième et troisième partie s’intéresse aux comportements des consommateurs de drogue. Elle s’attache à invalider des théories répandues qui tendent à uniformiser les comportements. Nuançant les thèses épidémiologique neuropsychiatriques, la sociologie révèle l’utilité sociale, plus qu’individuelle, de la consommation, et la capacité de contrôle et de jugement dont font preuve les usagers, invoquant le contexte de consommation plutôt que des prédispositions psychologiques et les caractéristiques victimes des substances.
Les toxicomanes ne répondent pas à des stratégies de lutte contre une domination structurelle. Quand au trafic de drogue, il est loin d’être uniforme, ses acteurs agissent, selon les lieux, de façon informelle ou professionnalisée. La relation de causalité entre toxicomanies et délinquances n’est pas non plus toujours vérifiée. Enfin la dernière partie éclaire les politiques publiques menées actuellement face à la drogue, au regard des conceptions de la drogue de ces usages qui les sous-tendent. Les actions publiques aux États-Unis se fondent sur l’état pénal. En Europe, l’approche, appuyée sur les arguments médicaux et sanitaires se juxtapose à la logique pénale. Souci de sécurité sanitaire et protection de l’espace public devrait continuer à présider à la régulation politique et au contrôle social de l’usage de drogues. »