« Avortement. Un rapport établit une fois de plus un constat d’échec de la politique de prévention en France. Le dernier rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) constate l’échec du « tout contraceptif », avec un taux d’interventions volontaires de grossesse (IVG) qui n’arrive pas à baisser : autour de 200 000 par an. La France a en effet été confrontée à ce fameux paradoxe contraceptif, qui cumule taux de contraception et taux d’avortement très élevés… Que faire alors ? Plus la contraception et plus d’accès à l’IVG, répond l’Igas. Mais ces préconisations ont de plus en plus de mal à convaincre. « Il y a un aveuglement général, une fuite en avant, analyse Tugual Derville, président d’Alliance pour les droits de la vie (ADV). La déconnection entre sexualité et procréation est inopérante. C’est comme un grand secret de famille : tout le monde sait, mais personne ne dit la vérité. Il y a un ensemble de mutations culturelles où les grossesses adolescentes connaissent une forte croissance, où les femmes s’interdisent de plus en plus de conduire à leur terme des grossesses non programmées. Mais on ne s’interroge pas sur l’énorme pression qu’elles subissent et leur terrible souffrance. On croit qu’on les console en niant la réalité de l’acte, mais c’est faux. Il faut faire de la place à un véritable accompagnement face à la précarité de leur situation, et à une autre prévention. »… Le rapport de l’Igas pointe notamment la faible application des dispositifs d’éducation sexuelle. Du coup, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot a annoncé qu’elle allait « mette le paquet dans le milieu scolaire ». Mais là encore, on attend toujours une véritable réflexion sur la façon dont est effectuée cette éducation, qui se résume souvent au discours du Planning familial ou d’associations de prévention des maladies sexuellement transmissibles. « C’est pourtant un vrai métier, explique Marie-Laure de Salins, infirmière scolaire aujourd’hui formatrice au Cler Amour et Famille, une association reconnue d’utilité publique spécialisée dans l’éducation affective et sexuelle, et qui vient de signer une convention avec l’Enseignement catholique. La difficulté consiste à bien former les éducateurs. Evoquer la sexualité, ce n’est pas neutre : chacun possède une vision des choses, un vécu. Il faut être au clair avec cela e transmettre aux jeunes quelque chose qui ait du sens – au-delà des explications biologiques – avec tact et naturel. Aller plus loin que le discours hygiéniste qui se limite à la contraception et dont l’effet pervers est que les jeunes se disent : « Puisqu’il y a la contraception, alors on peut y aller ». »
by Clotilde Hamon, in Famille Chrétienne, février 2010