Jacques Bichot, chez l’harmattan, avril 2010.
« L’auteur a sans doute, été le premier à proposer une refonte radicale du système de retraite français consistant d’abord à mettre fin à la diversité, qu’il juge injuste absurde et inefficace, des régimes en les unifiant, ensuite à instaurer un régime unique de retraite par point, plutôt que reposant sur des annuités. Son objectif est ainsi été double : à rendre les acteurs libres et responsables de leurs pensions, tout en incitant chacun à l’indispensable effort de solidarité nationale.
L’auteur reconnaît qu’une réforme aussi radicale, dans les conditions actuelles, ne peut être mis en œuvre du jour au lendemain. Mais alors que peut-on faire en France en 2010 pour ne pas esquiver le problème est au moins de s’engager dans la bonne voie.
Il pense nécessaire d’adopter dès maintenant des mesures pour introduire dans le régime général un mécanisme propre à assurer l’équilibre financier des régimes et permettre aux Français de bénéficier d’une retraite à la carte avec neutralité actuarielle.
Il note également, que les occidentaux ont mangé leur pain blanc. La mondialisation leur a servi, dans un premier temps à exploiter d’énormes gisements de main-d’œuvre à bon marché, ce qui leur a permis de vivre confortablement en travaillant de moins en moins.
Réduction du temps de travail, allongement de la durée de formation initiale au-delà de ce qui est économiquement justifié, et augmentation formidable des vacances de fin de vie sont les signes principaux de leur transformation en rentier. Mais vient maintenant le second temps de la mondialisation. Il faut se débarrasser d’abord de deux mythes qui nous empêchent de regarder la réalité en face : celui du vieillissement et celui de la solidarité intergénérationnelle. Les grandes lignes d’une réforme systémique des retraites par répartition pourront alors être esquissées.
La croyance en un vieillissement de la population française découle de la façon saugrenue dont on mesure le rapport démographique entre les personnes âgées, retraités potentiels, et les adultes, travailleurs potentiels. La ligne de démarcation entre ces deux catégories est, en effet, considéré comme une variante dans le temps : 60 ans ou 65 ans. Dans ces conditions tout accroissement de l’espérance de vie est interprété comme un facteur de vieillissement de la population, au même titre que la faiblesse de la natalité.
Or, la réalité est bien différente. L’espérance de vie en bonne santé progresse au même rythme que l’espérance de vie « tout court ». Au XVIIIe siècle, on été vu à 50 ans, aujourd’hui en Europe occidentale ou au Japon on ne l’est pas encore à 70 ans.
Il faudra donc proposer « une nouvelle mesure du vieillissement », basée sur la proportion de personnes qui a commencé à souffrir des mots qui nous viennent, de plus en plus tardivement, avec l’âge. Estimant qu’en moyenne ces infirmités commencent cinq ans avant le décès, il propose de prendre, comme mesure du vieillissement, la proportion dans la population des personnes auxquelles il reste en moyenne moins de cinq ans à vivre. Cette proportion était de plus de 8 % en 1900, elle est aujourd’hui inférieure à 5 %…. »