« La première mort du social, c’est la crise que nous vivons. Une crise intervient lorsqu’un élément essentiel d’un système social se détache des autres. Dans le cas présent, il s’est formé un deuxième système financier gigantesque qui n’a plus aucun rapport avec l’économie, qui n’a aucune fonction sociale sinon l’enrichissement de ceux qui le mènent. Et lorsque le financier se sépare de l’économique, l’ensemble du système social se casse, se fragmente. Résultat : nous sommes dans une situation qui ne peut être réglée, améliorée que si on recompose un système social. Recomposer un système social signifie en premier lieu que la majorité ou l’ensemble des acteurs sociaux doit avoir en commun des objectifs ou des jugements de valeur communs. Dans la société industrielle, entrepreneurs et salariés croyaient au travail, croyaient au technique, croyaient à l’augmentation de la productivité pour augmenter le niveau de vie et de bien-être. Deuxièmement, il y a société lorsque l’Etat intervient pour rétablir des équilibre, éviter que les capitalistes prennent tout le gâteau. »
by Alain Touraine, in Le Figaro, lundi 1er mars 2010