« Lula veut faire de son pays la cinquième puissance du monde d’ici à 2022, année où l’ancienne colonie portugaise célèbrera le bicentenaire de son indépendance. A huit mois de quitter le palais présidentiel du Planalto, Luiz Inacio Lula da Silva ne se contente pas de laisser un bilan à son héritage : il veut tracer des lignes u développement du Brésil du futur. Les principaux ministères de son gouvernement ont planché pendant des mois pour pondre le « Plan 2022 », avec l’objectif assumé de faire du Brésil la cinquième puissance mondiale d’ici à 2022, année du bicentenaire de son indépendance. La liste de 150 axes de travail sera discutée lors de débats publics sans tout le pays ces prochaines semaines. Pour Samuel Pinheiro Guimaraes, le ministre des Affaires stratégiques, la prétention du Brésil est légitime : « On peut faire la liste des dix plus grands territoires, des dix populations les plus importantes et des dix produits intérieurs bruts les plus élevés. Seuls trois pays trouvent leur place dans les trois listes : les Etats-Unis, la Chine et le Brésil. En clair, nous avons tous les ingrédients pour devenir une puissance de premier ordre », explique-t-il à La revue. La tâche ne sera pas simple. L’un des principaux slogans du Plan 2022 est de bâtir « un pays radicalement moins inégal », alors que le Brésil se place toujours dans le peloton de tête de l’injustice dans la distribution des revenus. Un des objectifs du plan est d’amplifier le programme social phare « Bolsa Familia » (« Bourse Famille »), dont 55 millions de personnes bénéficient aujourd’hui. « Il faut que nous modifions les critères pour que cette allocation aide véritablement à réduire les inégalités », souligne le ministre. Aujourd’hui, 44% du revenu national est capté par les 10% les plus riches, alors que les 10% les plus pauvres n’ont droit qu’à 1%. Autre piste : investir dans la technologie pour ne plus dépendre par exemple des brevets des grands laboratoires étrangers. La politique extérieure doit approfondir l’intégration sud-américaine et dynamiser une industrie de défense nationale à la hauteur des ambitions du pays. Lula se place dans la lignée du président Juscelino Kubitschek, qui, à la fin des années 1950, avait lancé l’idée de faire avancer le Brésil d’un demi-siècle en cinq ans, notamment en implantant la capitale, Brasilia, au milieu du désert. « A l’époque, on trouvait son plan délirant, et pourtant il a permis l’intégration du pays », rappelle le ministre. Le plan de Lula, comme celui de son illustre prédécesseur, présente toutefois une lacune : il considère la question de la préservation de l’environnement, et notamment de l’Amazonie, comme secondaire. »