« …Comment sortir de l’impasse sans casse et réformer en profondeur notre fiscalité ? De deux façons : - D’abord, supprimer l’ISF, comme l’ont fait les socialistes espagnols, réduire les niches fiscales et garder un bouclier fiscal limité aux seuls revenus du travail, afin de ne pas décourager les classes laborieuses moyennes et supérieurs. L’impôt sur le revenu peut aussi être rendu plus progressif en demandant un effort justifié à tous les dirigeants bénéficiaires de stock-options et autres avantages. Il faudrait également revenir sur l’exonération trop généreuse des droits de succession, qui contribue à la reproduction des inégalités de patrimoine d’une génération à l’autre. Contrairement à l’ISF, qui revient à taxer l’épargne constituée par le travail tout au long d’une vie. Il est injuste de taxer deux fois les fourmis ! - Reste ensuite la question de la CSG : Michel Rocard a su faire passer une réforme de grande ampleur en instaurant cette flat tax qui représente aujourd’hui 170% de l’impôt sur le revenu (contre 10% en 1991 !). Elle a l’avantage de concerner tous les revenus du travail comme du capital. Cet impôt moderne et proportionnel a pris le pas sur l’impôt progressif sur le revenu. Cependant, en oubliant le quotidien familial dans le calcul de la CSG, on a contribué à la paupérisation relative des familles avec enfants : 10% de niveau de vie en moins pour chaque enfant !… » Il est temps décidément que les réformistes se souviennent de ce principe inscrit dans le préambule de la Constitution : « Chaque citoyen doit payer l’impôt en fonction de sa capacité contributive. »
by Michel Godet, in Le Point, le 8 avril 2010