1. Logement : l’inexorable dégradation d’un urbanisme inadapté, immense et inhumain crée des ensembles de ségrégation. Les moyens mis en place pour changer les quartiers (1,5 million de personnes l’ont déjà vécu à ce jour) sont considérables : avec la création de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine qui fait fonction de guichet unique des crédits qui jusque là relevaient de plusieurs administrations différentes, même avec la destruction des barres d’immeuble, même avec près de 30 milliards d’euros programmés pour être consacrés dans les années qui viennent à la rénovation des grands ensembles.
2. Emploi : les cités frappées de plein fouet par le chômage depuis la crise de 1974. Quelques chiffres : en 2004 le taux de chômage des 15-59 ans dans les Zones d’Urbanisation Sensible est de 20,7% en moyenne soit plus du double de la moyenne nationale. Dans le détail des moins de 25 ans la situation est encore pire : dans ces quartiers sensibles le taux atteint le chiffre record de 36,2%.
3. Immigration : les ratés de la politique d’intégration depuis les années 60 (les vagues d’immigration se suivent mais ne se ressemblent pas, et l’immigration clandestine paupérise les quartiers sensibles).
4. Sécurité : l’explosion des chiffres de la délinquance. Rackets, rixes, razzias, guet-apens, trafic en tout genre : la loi des bandes (vocabulaire, codes, rites,…) s’impose, la logique du ghetto progresse, le quartier devient le territoire que l’on défend et quadrille pour organiser le « business ». Quelques chiffres : La drogue est au cœur d’une économie souterraine florissante. ces trois dernières années les services spécialisés dans la lutte contre l’argent noir des banlieues ont saisi plus de 4,7 tonnes de cannabis, 66 kilos d’héroïne, 47 Kilos de cocaïne, plus de 500 000 comprimés d’ecstasy et le montant des valeurs saisies en numéraires sur comptes bloqués, meubles, immeubles et voitures de sport s’élève à 27 millions d’euros et malgré ça les policiers ont l’impression de « vider l’océan avec une petite cuillère ». Prévention et répression la police a tout essayé et à la lumière de cette expérience, le Directeur Central de la Police Nationale assure que « la seule proximité qui vaille, c’est celle qui nous rapproche des personnes à secourir. Les policiers ne sont pas faits pour jouer au foot au pied des barres d’immeubles avec les délinquants ! ». Quand aux armes (de plus en plus lourdes) on ne sait pas combien circulent en banlieue mais la police en saisit 8000 chaque année.
5. Education : beaucoup de plans successifs pour de médiocres résultats. Manque de cohérence dans l’attribution des labels de « Zone d’Education Prioritaire » crées il y a 24 ans, le manque d’intégration effective avec 10% des collèges qui accueillent 40% des élèves d’origine immigrée, et la ghettoïsation s’auto alimente : en effet les collégiens des ZEP représentent 17% aujourd’hui contre 10,2% en 1982.
6. Vie quotidienne : le tissu associatif peine à atténuer les fractures. Des militants PC aux associations musulmanes, c’est un constat d’échec cuisant. On ne semble rien pouvoir face aux ravages d’une autorité parentale ébranlée par la précarité. Et tout ceci est accentué par un sous-équipement médical chronique.
7. Modèle social : la crise des valeurs de la république et l’effondrement des repères achève de souligner le sentiment d’abandon de ces territoires entiers laissés à eux-mêmes. Voir Dossier du Figaro, 9 novembre 2005