« Les experts du Fonds des Nations unies pour la population, organisme créé il y a quarante ans et qui est aujourd’hui l’un des programmes leaders de l’ONU expliquent que pour eux, le climat est menacé par la natalité ! « La natalité galopante des pays en développement est l’un des principaux moteurs du réchauffement climatique et l’un des premiers risques », écrivait notre confrère Le Monde en résumant leur rapport le mois dernier. Voilà à quoi peut conduire la logique poussée à l’extrême de la responsabilité de l’homme dans les dérèglements de la planète. Puisque la pollution, c’est l’homme, réduisons les naissances et l’on fera baisser le volume des gaz à effet de serre. Effrayante logique où l’enfant cesse d’être une promesse pour devenir une menace. Malthus ne disait pas autre chose dans son essai sur la théorie des populations dont la première version parut en 1798. Il plaidait déjà pour faire baisser les naissances dans les classes populaires parce que les subsistances pour les faire vivre manqueraient. En deux siècles, la population mondiale a été multipliée par six ou huit et le niveau de vie n’a pourtant pas cessé d’augmenter, dans le monde développé comme dans les pays en développement. Le raisonnement s’applique donc non plus à la seule alimentation mais aux effets polluants de la croissance – le développement économique étant la résultante de la croissance démographique. Les experts des Nations unies n’hésitent pas à l’affirmer : « Chaque naissance entraîne non seulement des émissions imputables à ce nouvel être au cours de sa vie mais aussi des émissions produites par tous ses descendants… » Mais à quelles naissances faut-il renoncer ? A celles des petits Américains ou des petits Européens qui sont encore les plus gros consommateurs du monde ou à celles des petits Indiens, des petits Chinois, des petits Africains qui n’aspirent qu’à le devenir ? On devine à quelles aberrations conduisent ces théories et l’on comprend qu’aucun chef d’Etat présent à Copenhague n’ait eu la moindre envie d’ouvrir un tel débat. »
printemps 2010