« Les élections tunisiennes s’achèvent sur la confirmation attendue de la réélection du président Ben Ali, ainsi que d’une reconduction du mandat de l’assemblée nationale qui lui est largement acquise, en dépit de la présence de quelques petites formations d’opposition qui, dans les faits, concorde le plus souvent avec le parti gouvernemental. Si l’on a bien en tête la situation géopolitique de la Tunisie, les acquis démocratiques de sa société et surtout la nature des ennemis qui guettent son éventuelle faiblesse, tout se déroule normalement. La Tunisie dès le début des années 1980 sut écarter le spectre de la guerre civile sous l’égide d’un officier général très politique Ben Ali, qui associa largement à son équipe des hommes venus du centre-gauche, voire de la gauche marxiste, et des hommes de centre-droit représentant la continuité de l’État tunisien et les aspirations à la liberté économique d’une classe entrepreneuriale sérieuse qui est le trait distinctif de toute l’histoire tunisienne, par rapport aux autres états frères du Maghreb. Le ciment de cette coalition, qui ne s’est nullement défaite depuis un quart de siècle, ce n’est pas comme nous en rebat sans cesse les oreilles, une répression policière mais une adhésion, sans excès idéologique, à un bloc historique qui se reconnaît dans des principes, dont les principaux ont été établis dès l’avènement de B ourguiba à l’indépendance. Ces principes, qui n’ont connu aucune altération sous Ben Ali, ce sont la priorité absolue donnée au budget de l’éducation, l’égalité non moins absolue des hommes et des femmes que l’on peut constater tous les jours dans les rues, sans équivalent dans le monde arabe, une laïcité de type kémaliste qui a préservé les études historiques, philosophique, et scientifiques des vagues réactionnaires associées à l’islamisme. En face, les forces d’opposition véritable tendent à se présenter comme deux frères dissidents à la Sakharov, confrontés à un totalitarisme menaçant. Pour ce qui est du totalitarisme, le bilan du régime en matière de libertés civiles et d’égalité des citoyens parle de lui-même. La Tunisie atteint d’ailleurs, grâce à sa liberté d’entreprendre, un PIB par tête d’habitant à peu près double de celui de ses voisins pourtant mieux pourvus que lui en ressources naturelles.. »
D’après Alexandre Ader (novembre 2009)
