« La contribution que l’ethnologue peut apporter à la solution du problème racial se révéleraient dérisoires et il n’est pas certain que celles qu’on irait demander aux psychologues et aux éducateurs se montrerait plus féconde, tant il est vrai que, comme nous l’enseigne l’exemple des peuples dits primitifs, la tolérance réciproque suppose réaliser deux conditions que les sociétés contemporaines sont plus éloignées que jamais de connaître : d’une part, une égalité relative, de l’autre, une distance physique suffisante… Sans doute nous berçons-nous du rêve que l’égalité et la fraternité régneront un jour entre les hommes sans que soit compromise leur diversité. Mais si l’humanité ne se résigne pas à devenir la consommatrice stérile des seules valeurs qu’elle a su créer dans le passé… Elle devra réapprendre que toute création véritable implique une certaine surdité à l’appellent d’autres valeurs, pouvant aller jusqu’à leur, sinon même leur négation. Car on ne peut, à la fois, se fondre dans la jouissance de l’autre, s’identifier à lui, et se maintenir différents. Pleinement réussie, la communication intégrale avec l’autre condamne, à plus ou moins bref échéance, l’originalité de sa et de ma création. Les grandes époques créatrices furent celles où la communication était devenue suffisante pour que des partenaires éloignés se stimulent, sans être cependant assez fréquent et rapide pour que les indispensables entre les individus comme entre les groupes s’amenuise au point que des échanges trop faciles égalisent et confondent leur diversité. »