Selon Marie Mendras (politologue au CNRS, enseignant à l’IEP de Paris, dirigeante CERI), elle a récemment publié : Russie, l’envers du pouvoir chez Odile Jacob 2008. «…Selon les observateurs tels occidentaux la Russie sous la direction de Poutine a renoué avec la croissance économique consolidée sa puissance militaire et choisit la voie d’un régime autoritaire dont le leader demeure très populaire auprès de la majorité des Russes. Cette vision doit cependant être fortement nuancée et la crise économique actuelle a de fortes chances de rebattre les cartes. En ce début d’année 2009, la plupart des ministères et des grandes entreprises russes sont en difficulté : la chute des cours des hydrocarbures, liée à une baisse de la consommation mondiale, de fortes répercussions sur l’économie russe….(…)
…La puissance retrouvée de l’État russe s’est exprimée ces derniers temps par un recours non dissimulé à la force, tant lors du conflit avec la Géorgie, en août 2008 que lors de la crise gazière encore non résolue avec l’Ukraine…. Il est clair que la stabilité du régime n’est que de façade tandis que les dirigeants russes n’ont pas encore avancé de réponse aux multiples défis qui se posent à leur pays…. …De fait, Vladimir poutine a procédé à des choix engageant l’avenir : celui d’une régression vers un régime de moins en moins démocratique est de plus en plus autoritaire, et celui d’un affaiblissement voulu des institutions publiques…. …La première caractéristique du système poutinien, et l’absence totale d’alternance politique…. Le deuxième pilier est le contrôle de l’information mise en place par Vladimir poutine et qui fonctionne de façon très efficace. Ce contrôle de l’information va de pair avec des atteintes de plus en plus importantes à l’indépendance du pouvoir judiciaire, comme le montre par exemple l’affaire du colonel Boudianov… Cet officier jugé et condamné pour avoir assassiné le jeune tchétchène et récemment libéré pour bonne conduite. …Troisième caractéristique, c’est la fragilité du pacte entre le pouvoir politiques et les élites. Ces dernières ont accepté, l’autoritarisme du système politique en échange de la garantie d’une croissance économique élevée, d’un enrichissement personnel et d’une ouverture sur le monde extérieur. Or la crise économique actuelle risque de mettre en cause cet équilibre fragile et ce soutien en creux des élites…. …L’idée d’un complot contre la Russie a fomenté par l’étrangère et savamment entretenue par le gouvernement et relayé par les médias contrôlés. Une image de « l’ennemi » s’est construite progressivement, désignant les tchétchènes, plus récemment les Géorgiens et les Ukrainiens. La Russie s’isole de plus en plus et impose la confrontation à ses anciens partenaires, notamment l’union européenne… …La Russie de poutine n’était sans doute pas condamnée à une telle évolution et l’an 2000. Le tournant semble avoir été pris en 2003 -2004 au début du second mandat de Vladimir poutine, lorsque les réformes lancées dans l’administration ou l’armée s’enlisent. De nombreux problèmes outre ceux évoqués précédemment de mœurs notamment l’affaiblissement démocratique de la Russie, ainsi que les questions sensibles d’immigration puisque actuellement de très nombreux ressortissants des anciennes républiques soviétiques travaillent dans l’illégalité en Russie. Par ailleurs, les systèmes d’éducation et de santé attendent toujours une réforme de fond pour aller vers plus d’efficacité et d’équité. Les inégalités sociales restent très importantes. Enfin que la violence à la hausse saine la société et dans les relations de la Russie avec ces procès reste omniprésent…. ». Principale intervention de la table ronde du 26 janvier 2009, organisé par futuribles international.
