Selon Marc Van Montagu, propos recueillis par Anne Jouan et Yves Miserey « Réunis dans le cadre d’un colloque international à l’Académie des sciences sur les OGM, les experts, notamment français, on déploré que l’Europe, alors qu’elle a été pionnière en matière de recherche sur ce sujet, soit désormais complètement dépassée par des pays émergents comme l’Inde ou la Chine. Le professeur belge Marc Van Montagu, codécouvreur des organismes génétiquement modifiés, présent à cette réunion, dans un entretien au Figaro insiste sue le fait que cette technologie constitue une solution qui permettra d’améliorer considérablement l’alimentation dans les pays en voie de développement. Pour Marc Van Montagu, il est hors de question de proposer à ces pays l’agriculture qui était la nôtre il y a 100 ans. »
« Comment percevez-vous les controverses actuelles sur les OGM ?
Galilée a eu les mêmes problèmes… Les gens ont tendance à croire une histoire unique. C’est dû avant tout à une mauvaise compréhension de ce qui se passe dans la nature et dans les organismes vivants. Car chaque génome change et ce beaucoup plus vite que ce que les chercheurs croyaient encore il y a peu. Nous comprenons désormais que le monde vivant fonctionne à partir d’un grand pool de gènes. Heureusement, de plus en plus de leaders politiques commencent à comprendre que les OGM ne présentent pas de risques pour la santé ou l’environnement. En Belgique et en France, nos premiers essais dans les champs remontent aux années 1986-1987, ce qui n’est pas tout jeune. Et il n’y a pas eu d’accident depuis. La dernière trouvaille des anti-OGM, c’est de dire que les plantes transgéniques favorisent une forme de société dont ils ne veulent pas. Or selon moi, il faut absolument développer l’agriculture des pays en voie de développement pour faire face à la surpopulation et aux différences criantes de niveau de vie avec les pays riches – et pour ce faire, il faut le meilleur de la science, c’est-à-dire les OGM. Il n’est pas question de proposer à ces pays-là l’agriculture que nous pratiquions il y a cent ans !
Les OGM ont-ils un avenir ?
Bien sûr, ils sont porteurs d’avenir en raison des difficultés mêmes d’installer une agriculture durable, surtout dans les pays en développement. Malgré la demande d’innovation, en Europe et ailleurs, toutes les applications des OGM sont bloquées dans les laboratoires publics comme celles, par exemple, sur les plantes enrichies en micronutriments, ou qui absorbent mieux le phosphate et le nitrate. Du coup, elles se délocalisent dans les pays émergents comme l’Inde, le Brésil et surtout la Chine qui vient d’investir 2.5 milliards d’euros dans les OGM végétaux. »
Propos de Marc Van Montagu recueillis par Anne Jouan et Yves Miserey, septembre 2008