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Pitte, l’homme qui dénonce la mainmise de la gauche sur l’Université.

« Président de l’université Paris-IV Sorbonne de 2003 à 2008, le géographe Jean-Robert Pitte dénonce l’influence tenace des idées de gauche dans l’Education nationale et l’Université. Auteur de pamphlets sur le sujet, il vient d’entrer à l’Académie des sciences morales et politiques. Des étudiants, parfois plus vieux que leurs professeurs, vont pouvoir continuer à vivre « dans un rêve et l’illusion », l’Université s’enivrer de résultats qui conduiraient n’importe quelle entreprise à déposer son bilan – 73% de taux d’échec en moyenne à la fin de la première année – et la jeunesse française se prendre pour le phare du monde alors qu’elle n’en est plus qu’un clignotant de détresse. En écho à cette interminable dérive, les lycéens défilent dans la rue pour réclamer que l’on ne touche pas à un cheveu de leurs maîtres. « Il y a des défaites qui annoncent des victoires. » Incurable optimiste, Don Quichotte, ferraillant contre les moulins à belles paroles. Les responsables de l’Education nationale aimeraient bien faire passer ce trublion pour un terroriste. Il fait peur aux enfants. Ceux qui l’approuvent l’incitent à la prudence : « Après ma défaite, raconte-t-il, l’un de mes collègues est venu me trouver et m’a dit : « Désolé pour toi, mais tu t’exposes trop et inutilement. » Trop ? Ai-je répondu. Oui, si j’avais voulu durer et être réélu. J’aurais dû respecter les potentats locaux, flatter les corporatismes. Inutilement ? Je suis persuadé d’aller dans le bon sens. »

« A l’évidence, ce n’est pas celui du vent. Pour mettre fin au gâchis d’un flot d’inscriptions erratiques, Pitte n’a pas craint de prendre le contre-pied de l’égalitarisme ambiant. Il prône des solutions autoritaires : sélection à l’entrée des universités, augmentation des frais d’inscription, tempérée par un élargissement des bourses. En pleine crise du CPE, barricadé dans son université occupée, il tonne contre les étudiants, accusés de se conduire comme des « enfants gâtés », et leur reproche ce crime majeur : « empêcher la transmission du savoir ». Ces prises de position le font taxer de réactionnaire. Il assume : « Je prends cela pour un compliment. » Le mal français est ainsi défini : soumission absurde aux idéologies. A 20 ans déjà, cet enfant de la méritocratie républicaine trouvait que les idées de 68 étaient « profondément néfastes ». Il s’attriste de les voir perdurer. Feuilletant certains manuels du secondaire, il enrage en constatant l’effarante permanence de l’emprise marxiste sur les esprits : « On enseigne l’économie comme on devait le faire dans l’URSS des années 50. L’argent reste sale. Depuis la Libération, l’Education nationale et la culture sont clairement entre les mains de ce qu’on appelle la gauche. » Le regain d’activité de la Ligue communiste révolutionnaire d’Olivier Besancenot, accueilli avec tous les égards sur le canapé de Michel Drucker, lui arrache une ultime grimace. En attendant que ses idées triomphent, il achève une « géographie culturelle du vin » : « Je plaide pour que l’on apprenne à boire intelligemment du vin aux jeunes plutôt que de la vodka. » Il va lui falloir une sacrée santé. »

In Le Figaro, le 13 mai 2008, par Bertrand de Saint Vincent

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