Au vu de plusieurs facteurs de gravité supplémentaires et de nouveaux dangers identifiés, l’Académie prône un renforcement de la prévention et du dépistage précoce.
« La consommation de cannabis suscite, par son ampleur et sa gravité, de nouvelles et très vives inquiétudes », affirme, dans un communiqué publié le 25 mars, le Pr Roger Nordmann, membre de l’Académie nationale de médecine, au nom de la commission « Addictions ». Il rappelle ainsi que cette toxicomanie concerne 1,2 millions de consommateurs réguliers en France, dont 500 000 utilisateurs quotidiens, et est responsable de 250 accidents mortels chaque année. De plus, « ce phénomène connaît, depuis peu, plusieurs facteurs de gravités supplémentaires », précise le communiqué de l’Académie. La précocité des premières consommations, la diffusion de la pipe à eau et l’accroissement de la teneur en THC (principe actif majeur du cannabis), ont accentué les risques du produit. En outre, des études récentes ont établi de nouveaux dangers. Ses conséquences psychiatriques ont été étayées : des effets antioxygènes, des troubles agressifs, des effets désinhibiteurs induisants des prises de risques et des comportements violents ont été mis en évidence. Enfin, « la décompensation d’états pré-schizophréniques, la survenue de novo d’une psychose dite cannabique et la résistance aux traitements antipsychotiques sont désormais bien démontrées », ajoute l’Académie.. Fort de ce constat, l’Institution recommande qu’on intensifie la lutte contre ce fléau. Elle fait sept propositions visant à renforcer les politiques de prévention et de communication, l’information dans les écoles, ainsi que dans le dépistage précoce, en particulier avant et pendant le premier trimestre de grossesse. Elle suggère aussi que des stages d’information de qualité soient dispensés aux consommateurs et que, pour certaines fonctions ou responsabilités « sensibles », on vérifie l’absence de cannabinoïdes dans les urines. Des contrôles pourraient être assurés dans les milieux professionnels où cela paraît nécessaire, de même que sur le réseau routier.
In Panorama du médecin, 31 mars 2008, by Marielle Ammouche