blog-politique

blog-politique

Le défi de l’innovation

Pas un jour ne passe, en Europe et notamment en France, sans que l’on s’inquiète, de manière légitime au demeurant, du retard pris par rapport aux pays les plus avancés, à fortiori au regard des pays émergents, sans que l’on s’inquiète de la fermeture (ou de la délocalisation) de tel site de production, de la dégradation de la balance commerciale ou encore du déficit public… La tentation est alors grande de s’en prendre à la mondialisation et à la concurrence sauvage qu’exercent, à l’encontre de l’Europe des droits de l’homme, les pays où les droits sont bafoués, le droit du travail ignoré et les salaires dérisoires…

Force est toutefois de reconnaître que l’on ne saurait imputer tous les maux de l’économie et de la société française au contexte extérieur : les performances fort différentes des pays européens, se réclamant tous plus ou moins du même « modèle social », sont là pour nous rappeler que les médiocres performances de la France proviennent avant tout de dysfonctionnement inférieurs. Et, comme l’un d’entre eux réside manifestement dans le déclin relatif de la compétitivité du pays au regard de celle de ses concurrents, le premier réflexe est de s’en prendre aux coûts et, plus généralement, aux dépenses dont le rendement immédiat n’est point évident.

Mais au-delà de cette utile chasse au gaspillage, il est plus important encore – singulièrement dans un monde en profonde mutation – d’être capable de remettre en cause les habitude et d’innover, dans les entreprises comme dans les administrations publiques, dans les comportements individuels et collectifs.

Ceci implique assurément de s’affranchir des obstacles à la croissance qui ont fait l’objet de nombreux travaux, y compris d’un récent rapport de la commission présidée par Jacques Attali. Il est frappant, du reste, que celui-ci reprenne pour une large part les recommandations formulées voici presque 50 ans dans le rapport Rueff-Armand, cela semblant révéler que ces recommandations sont restées lettres mortes. Ainsi demeure-t-il plus nécessaire que jamais d’opérer une véritable révolution culturelle, et d’encourager davantage de personnes à entreprendre et à innover.

L’innovation, qui entretient avec la recherche et le développement une relation non linéaire et aléatoire, ne saurait être appréhendée exclusivement dans sa version technique, qu’il s’agisse de process ou de produits. Elle exige, plus que l’invention ou l’acquisition de techniques nouvelles, une véritable révolution culturelle au niveau individuel comme au niveau collectif, dans les formes d’organisation comme dans les méthodes de management.

Ce processus ne peut réellement s’enclencher que si l’on adapte d’autres formes d’organisation, d’autre méthodes de management, ne reposant exclusivement sur l’autorité, mais reposant de plus en plus sur la capacité des cadres à agir comme catalyseurs d’intelligences réparties.

In Futuribles, by Hugues de Jouvenel, septembre 2008

Laisser une réponse


huit − 2 =