Depuis vingt ans, les crises financières ont la même origine : le mariage d’une exigence élevée de rentabilité du capital et de l’abondance de liquidité, sachant que la manière la plus évidente d’obtenir les rendements souhaités consiste à financer des achats d’actifs en accroissant le levier d’endettement, en utilisant beaucoup de dette et peu de capital. Le rendement anticipé est alors démultiplié par rapport à celui des actifs acquis.
L’histoire montre que ceci débouche sur des crises financières car le rendement anticipé du capital est accru, et le risque aussi.
Depuis l’été 2007, les investisseurs continuent à rechercher des rendements anormalement élevés (report sur les actions des émergents, sur les matières premières). La liquidité abondante et bon marché est entretenue par la baisse des taux d’intérêts de la Fed et par l’accumulation de réserves de change qui finance le déficit extérieur des Etats-Unis. Tout se passe comme si personne – investisseurs, banques centrales, gouvernements – ne voulaient stopper la « machine à fabriquer des crises financières ».
In les Enjeux, avril 2008, par Patrick Artus
Toutes les places financiaires de la zone euro ont les yeux fixés sur le taux de croissance des Etats Unies et leurs différents indices économiques qui font la pluie et le beau temps en fonction de leurs variations. Toutes les économies occidentales ont joué sur l’endettement des états dans un premier temps et celui des particuliers, dans un second temps, pour maintenir une croissance artificielle basée essentiellement sur l’immobilier produisant des emplois non délocalisables et sur la consommation de biens importés des pays à bas coût de mains d’oeuvre.
La facture est à payer et la conséquence sera une paupérisation de l’ensemble des populations des pays occidentaux ; en première ligne, les jeunes générations qui auront à régler les dettes accumulées par les états et faire face à leurs propres engagements dans le secteur immobilier, sur des durées de 25 ou 30 ans ou plus ( équivalant aux subprimes américaines) et dans une moindre mesure les personnes qui ont achetés des défiscalisations (investissement Robien, Besson etc) qui ont crées une surenchère immobilière et se retouve devant un marché locatif saturé. La purge est nécessaire et fera beaucoup de victimes.
La politique de la BCE est peut-être la bonne à long terme. Le maintien ou l’augmentation des taux d’intérêts à des niveaux convenables réduiront le volume des liquidités et éviteront le risque de bulle spéculative qui éloigne la sphère financière des réalités économiques. Le contraire serait sans doute une fuite en avant.