Depuis vingt ans, Micjel Maffesoli analyse l’idéal communautaire de la société contemporaine. En cherchant un équilibre entre l’intellect et l’affect, équilibre qui fut selon lui stigmatisé pendant toute la modernité, mais présent dans la pensée organique des sociétés traditionnelles, il retrouve dans les jeunes générations cette « synergie entre la raison et les sens ».
Est-il étonnant qu’il perçoive dans notre époque le retour de l’enthousiasme au sens propre, c’est-à-dire « ce qui met en branle les passions et les émotions commeunes »? Ces « raisons du coeur que la raison ne connaît point », définition même de « l’hédonisme dionysiaque » qu’il saisit dans nos modes de vie.
Celui qui est devenu célèbre par son analyse du « temps des tribus » (1988) continue de voir dans cet « idéal communautaire » la valeur dominante de notre temps. My space, Facebook, Second Life, l’identification aux marques à la mode, le mouvement gothique et la musique techno, les piercings et les rave-parties manifestent selon lui ce « narcissisme de groupe », régression vers une forme de barbarie caractéristique de notre époque, dans laquelle l’Internet joue un rôle primordial.
Le retour à l’archaïsme plus les nouvelles technologies, voilà comment Maffesoli caractérise cette postmodernité dont les héros se nomment Sébastien Chabal, l’Abbé Pierre, Harry Potter ou Zinédine Zidane.
Rien de ce qui est humain ne lui est étranger. Et à ceux qui verraient dans ces signes des temps une forme de nihilisme, il donne des raisons d’espérer dans ce monde aussi.
C’est une manière de sagesse, une sagesse dionysienne « grâce à laquelle on sait jouir, tant bien que mal, de cette terre et de ses fruits ». L’ère de « culture héroique » s’est close, voici venir celle du tragique.