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Retour sur la rentrée 2007 (I)

De l’école à l’enseignement supérieur : illettrisme, ‘’laxisme’’, ‘’facteur d’insécurité intellectuelle’’ … Xavier DARCOS, ministre de l’Education nationale, orchestre une rentrée calme sur le front des polémiques et de la grogne enseignante. Mais un rapport du Haut conseil de l’Education (HCE) sur les mauvais résultats du primaire ravive le malaise : si 60% des élèves sortent de l’école primaire plutôt bien formés, c’est bien loin d’être le cas des 40% restants, voués à un échec quasi certains lors de leurs futures études. Pour le HCE, pas moins de 4 écoliers sur 10, soit environ 300 000 élèves, sortent du primaire avec de graves lacunes. Chaque année, l’école fabrique 70 000 illettrés. Ainsi, l’école n’a pas été jusqu’où elle pouvait aller. Elle n’a pas évalué ses méthodes, ni montré l’exigence qui s’impose. Plus tard dans les études supérieures, beaucoup d’étudiants avouent, d’après l’expérience d’Alain Bentolila, professeur de linguistique à l’université de Paris-V-Sorbonne et auteur de URGENCE ECOLE, le droit d’apprendre, le devoir de transmettre (Editions Odile Jacob), s’être toujours sentis en insécurité intellectuelle et linguistique, n’ont pas confiance en eux, pas de prise sur leur vie. On a beaucoup glosé sur la supposée frilosité et la supposée paresse des jeunes au lieu de voir que le mal venait d’ailleurs. Des professionnels de l’enseignement s’alarment. Dans un pamphlet Stop à l’anarque du bac (Oh !Editions), Jean-Robert Pitte, président de l’université Paris IV, dénonce la baisse du niveau de la maternelle au bac. Alain Bentolila s’indigne également en constatant que le niveau ne monte pas et le socle déficient est l’école élémentaire. Il remarque l’oubli de la mission de l’école maternelle : préparer l’enfant pour le CP, en s’assurant qu’il a une certaine maîtrise de la langue orale et possède suffisamment de mots à son vocabulaire. Faute de quoi, il sera déjà handicapé pour apprendre le langage écrit. De plus, à chaque rentrée scolaire, une pluie de livres critiques inonde les librairies. Tous tournent autour du sujet des méthodes d’apprentissage de la lecture. Alors, un problème lourd se lit dans cette tour de Babel livresque : l’illettrisme.

Les constats inquiétants du HCE sur les piètres résultats de l’école en France ont convergé vers l’école primaire, avec des analyses aujourd’hui partagées par des chercheurs de tous bords. Mais, les tabous restent forts et l’institution renâcle. Les pédagogues, tel que Philippe Meirieux in Pédagogie, le devoir de résister (ESF, Editions), se lancent dans les manifestes où ils persistent et signent dans la politique scolaire qui est menée depuis les années 70 où l’on voit une révolution didactique naître faisant table rase d’un passé pédagogique coupable de passivité, de monotonie et de contribution à perpétuer les inégalités sociales.

Après un bilan fait au sujet de la carte scolaire satisfaisant 70% de demandes et la présentation des moyens maintenus aux écoles qui perdaient des élèves et les principaux chantiers issus des promesses du président Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Education nationale est apparu en retrait sur les apprentissages fondamentaux. Alain Bentolila parle, alors, de ‘’mauvais signe’’ et se demande si l’on va vraiment se donner les moyens humains et financiers d’une école de l’exigence qui vérifie les acquis et qui sache dire la vérité sur les méthodes d’apprentissage, la formation des enseignants et les aptitudes des élèves. Il parle même d’une générosité de vérifier sérieusement et sans complaisance les compétences des enfants pour leur offrir de véritables remédiations. Selon A. Bentolila, il est plus que temps de transmettre les savoirs fondamentaux après ces 30 années de faux-semblants.

En effet, en s’appuyant sur le rapport du HCE, les professeurs de collège accueillent des élèves qui ‘’lisent trop lentement parce qu’ils déchiffrent mal ou bien déchiffrent mais ne comprennent que partiellement ce qu’ils lisent faute des connaissances linguistiques et culturelles suffisantes.’’ L’illettrisme est bien présent en France. Toujours d’après le HCE, la minorité qui rencontre des difficultés sévères ou très sévères est constituée, dans le meilleur des cas, ‘’d’ élèves qui déchiffrent, mais ne sont pas capables de comprendre l’ensemble du sens du texte qui leur est soumis’’. Dans le pire des cas, ‘’ils ne savent même pas déchiffrer’’. Ces lacunes, alors, entraînent un réel parcours scolaire de collège impossible ainsi qu’une formation qualifiante.

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