Qu’en tirer comme réflexion politique ?
La commune, le département puis la région ont été inventés dans le monde sédentaire. Cela ne veut pas dire qu’il faut changer de cadre politique, mais que l’habitant n’habite plus son canton, sa commune et sa cité de la même manière. Le politique n’est plus un cadre il devient un totem, il ; les relations ont changé.
Les citoyens et les électeurs sont d’abord des acteurs du temps libre, des retraités, des personnes aux multiples activités différentes du travail : les catégories socio-professionnelles vont bientôt voler en éclat.
Cette évolution pose beaucoup de questions. Qu’est-ce qu’une cité ? où est-elle ? Est-ce là où je dors ? Où je travaille ? Où je vais en vacances .
La majeure partie des citoyens ne votent pas dans la commune où ils travaillent, mais dans celle où ils dorment. Dans cette cité-là, ils veulent calme, sécurité, un milieu social homogène pour les enfants. Ce ne sont pas forcément des projets de développement. La ville, la cité, est décalée. Quelle est la bonne échelle du territoire politique ?
Toutes ces questions montrent que la société est en grande mutation.
Il faut bien sûr renforcer le lien social… mais surtout se poser toutes ces questions au niveau imaginaire.
C’est quoi le territoire imaginaire où habitent les gens ? le territoire de l’identité et le territoire politique ?
Tous les territoires sont différents et divers. Il faut regarder ces diversités et trouver des solutions en fonction d’elles.
Le département (totem collectif d’appartenance) par exemple, est d’abord une figure esthétique, inventé par des responsables qui ont eu l’idée magique de construire un territoire mathématique (1 journée de cheval pour aller à la préfecture et 1 journée à pied pour aller au chef-lieu). Cette figure esthétique, c’est notre patrimoine républicain.
Dans la société en mouvement, il faut laisser aux gens, notamment aux plus faibles, des cadres symboliques d’appartenance.
Ne mélangeons pas la gouvernance rationnelle des choses et les appartenances symboliques. Il faut s’attacher à protéger les deux niveaux d’appartenance symbolique, Mais en réorganisant les hiérarchies.
La décentralisation n’est au fond qu’à mi-chemin d’une société de la mobilité qui doit habiter ces cadres historiques.
Il faut démocratiser cette mobilité et réfléchir ensuite à la construction de cette nouvelle société.
Il faut des cadres à la fois stables et des organisations qui évoluent en fonction de l’évolution des enjeux, allier code de références, transversalité et souplesse.