Il n’y a pas « de fatalité à la désindustrialisation », affirme le relevé de dix-huit mois de discussions. Moins médiatisé que la visite de Nicoals Sarkosy et de pas moins de 12 des ministres du gouvernement aux Universités d’été du Medef, ça n’en est pas moins une première et même un petit événement : le Medef et les cinq centrales syndicales ont publié ensemble, le 9 juillet 2007, un texte qui est le fruit de dix-huit mois de dialogue sur les questions économiques. Laurence Parisot en avait fait un point fort de ses engagements de campagne en 2005 et c’est à Véronique Morali qu’elle a confié le soin de conduire ce chantier. Des rendez-vous entre experts syndicaux et patronaux, en dehors de toute négociation, au cours desquels ils ont entendu des économistes de toutes tendances pour les aider dans ce dialogue.
Ce premier document, consacré à la politique industrielle, identifie à la fois des « préoccupations communes » ainsi qu’une liste de « questions soulevées par certains » qui sont autant de domaines où les divergences sont fortes : par exemple, « quelle place donner à la compétitivité / côut » ou « comment rendre plus lisibles et efficaces les aides aux entreprises » ou « quels champs pour de nouveaux droits d’intervention des salariés »…
Au stades des consensus, il y a d’abord l’idée que la sphère industrielle élargie à l’immatériel représente 40% du PIB et qu’il n’y a donc « pas de développement possible de l’économie et de l’emploi sans un socle industriel, fort, compétitif, innovant ». Syndicats et patronat constatent aussi que si « la désindustrialisation menace, ce n’est pas une fatalité ».
Est ainsi réaffirmée la nécessité d’une politique industrielle qui donne la priorité à de grands projets innovants dans le cadre d’une stratégie européenne et française.
Cette politique pour l’industrie doit être fondée sur trois piliers : « l’innovation, les marchés, l’emploi » poursuit le texte, ce qui suppose une capacité d’anticipation, une priorité à l’investissement, au développement durable, à la qualification des salariés par une politique de « formation tout au long de la vie », enfin, un dialogue social en amont.
La politique de l’industrie passe aussi par l’Europe, souligne le texte : « La France n’a de chance de s’affirmer que solidement ancrée dans une Union européenne capable de se penser comme un pays continent ». C’était l’ambition des objectifs de Lisbonne, restés en panne du fait de « trois lacunes : les financements, une véritable politique commerciale européenne et les retards pris dans le brevet européen ».
Le texte des partenaires sociaux affirme donc la nécessité d’un travail de prospective sur l’évolution de la demande et d’une politique de recherche-développement. Saluant les pôles de compétitivité, ils appellent à un effort renforcé notamment pour y enrôler les PME-PMI, une meilleure articulation des différents intervenants et une véritable évaluation.
In Le Figaro Béatrice Taupin (10 juillet 2007)