Chercheur au CNRS et à Sciences-Po depuis plus de vingt ans, il écrit sur l’histoire des idéologies et des passions politiques. Avec une constante dénonciation de toute forme d’intimidation intellectuelle.
Son nouveau livre est consacré à ceux qui se sont donné pour tâche de « résister » à la dérive autoritaire dans la France contemporaine. Une rhétorique particulièrement prégnante dans la sphère médiatique et culturelle dont l’auteur rappelle que, depuis les années 30, elle « n’a jamais cessé d’être monopolisée et instrumentalisée par la gauche et l’extrême gauche contre les droites libérales et conservatrices, soumise aux soupçons permanents de dériver vers l’extrême droite ou de faire le jeu de cette dernière, assimilée au fascisme ou identifiée comme néo fasciste ».
Le résultat, c’est que l’espace public est empoisonné par le soupçon et les mises en accusations, et par une forme de terrorisme intellectuel qui permet d’attaquer des adversaires politiques, ou bien encore parfois, de peser sur les promotions dans l’administration et sur les subventions publiques aux associations.
Derrière le discours anti fasciste, affirme le sociologue, se profile l’anti sionisme, l’anti américanisme et l’anti capitalisme, mélange de vieilles lunes communistes et de nouvelles recettes altermondialistes, qui montrent que, pour exister, la gauche a besoin d’ennemis, de repoussoirs (le passé, le complot américano-sioniste…). Quitte à les inventer et à accuser à tort et à travers, au détriment de tout débat rationnel.
P.A. Taguieff permet au contraire de réfléchir librement, il se rappelle la tentative de lynchage médiatique dont il a été victime après qu’il eût été qualifié de réac par « le rappel à l’ordre », un pamphlet de Daniel Lindenberg, qui fit grand bruit en 2002.
Il sait que les mots sont des armes et le domaine des idées un champ de bataille.